On a esquissé dans la première partie, l’influence des pratiques commerciales sur la décomposition du tissu des librairies pour rappeler que la crise actuelle de la librairie n’était pas due à l’internet, mais plutôt aux conditions commerciales imposées par la distribution, qui impose aux petits magasins de proximités que forment le coeur de la librairie, des conditions commerciales de plus en plus semblables à celles qu’elle accorde aux grandes surfaces (GS) et aux grandes surfaces spécialisées (GSS). La librairie est le commerce de détail qui a la marge la plus faible : on comprend que ce soit pour beaucoup d’entre eux, intenables.
Image : Une vieille enseigne de librairie à Paris photographiée par par Sean Ganann.
Il y a une seconde raison à observer pour comprendre le malaise de la librairie. Cette raison repose dans les transformations de nos pratiques culturelles. Qu’on s’en désole ou qu’on s’en félicite, nos modalités de consommation, à l’heure de l’hyperconsommation que décrit très bien Gilles Lipovetsky dans Le bonheur paradoxal, me semblent également à prendre en cause. Nous n’avons plus le même rapport à la culture, à l’écrit, qu’il y a 30 ans, date de l’instauration de la loi sur le prix unique du livre. Le livre est devenu un produit de l’industrie culturelle comme les autres, que nous ne consommons plus de manière isolée – pour ceux qui le consomment encore.
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