Lorenzaccio
Hommage à Musset et œuvre noire et envoutante, Lorenzaccio est une bande dessinée « littéraire » du plus bel effet. Une adaptation / déclinaison luxueuse dans sa forme, talentueuse et remarquable pour le fond…
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Ce qu’on en pense sur la planète BD : Reprendre en BD une puissante œuvre littéraire n’est pas chose aisée, surtout quand il s’agit de la célèbre tragédie de théâtre, écrite par Alfred de Musset en 1834. Régis Penet s’attaque donc à un monument, mais il a une belle maîtrise du « romantisme baroque » et s’en tire donc à merveille. L’épais ouvrage qui en ressort est à la fois respectueuse du modèle et en même temps une production toute personnelle. Notamment, Penet n’hésite pas à faire quelques entorses à la pièce. L’action ne se situe plus au XVIème siècle à l’époque de Charles Quint, mais à un siècle qui s’apparente plutôt au XIXème, vu l’aspect des costumes, redingotes et robes de soirée. Le siècle de Musset, donc. Penet cherche visiblement à dépeindre les obsessions de Musset à travers ses œuvres et ne se limite pas au seulLorenzaccio. Obsessions d’une génération qui témoigne d’un mal être invisible, d’une désillusion profonde en l’homme et en la politique, une mélancolie incontrôlable qu’on appelle le romantisme noir. A cet égard, le personnage de Lorenzaccio incarne à merveille cette génération désabusée qui se vautre dans la luxure et pleure la perte de son innocence et de son honneur. Penet fait donc la somme des œuvres de Musset, en mêlant habilement plusieurs de ses textes fondateurs : les répliques des personnages issues de la pièce côtoient des réflexions intérieures reprises du poème ténébreux La nuit de décembre. Le visuel est aussi une façon de peindre ce désenchantement et la chute du personnage principal.
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