30-09-11 à 10:45 par Le Nouvel Observateur
Le jeune philosophe Quentin Meillassoux pense avoir déchiffré le secret du poème légendaire de Mallarmé. Une démonstration virtuose doublée d’une méditation sur l’idée d’incertitude.
Portrait de Stéphane MALLARME (1842-98) signé Edouard Manet (1876). (c)Alfredo Dagli Orti / AFP
Résumons l’affaire: nous sommes en 1897 et Dieu est mort. Ce n’est pas rien. Pendant tout le XIXe siècle, romanciers, poètes, philosophes ont travaillé d’arrache-pied à inventer une nouvelle religion civile délivrée du dogme chrétien. Ils ont proposé d’adorer l’Homme, le Beau ou encore la Raison, en vain. La science a pris le dessus, le hasard s’est imposé comme loi. Depuis, tout n’est que non-sens et absurdité. De ce combat, Stéphane Mallarmé fut un acteur peu connu. On l’imagine en poète retiré du monde, occupé à sculpter ses «abolis bibelots».
En réalité, comme ses pairs, il n’a cessé d’être blessé par le désenchantement du monde. Lui aussi pense qu’il n’y a pas de société sans cérémonies collectives et que la mission du poète est d’offrir «un culte capable de satisfaire l’esprit moderne», résume Quentin Meillassoux. Mallarmé nourrissait un rêve fou: écrire un livre, le «Livre» supposé combler à lui seul le besoin d’adoration de ses contemporains. Un cérémonial réglé avec une minutie maniaque devait en encadrer la lecture publique.
Lire l’article : http://bibliobs.nouvelobs.com/essais/20110928.OBS1316/le-coup-de-des-enfin-decode.html
Le Nombre et la Sirène,
par Quentin Meillassoux,
Fayard, 248 p., 19 euros.