Sur le site que les éditions Gallimard consacrent à La Pléiade, on peut trouver une page dédiée à la “Petite histoire du courrier des lecteurs”. Mais cette page est encore en construction. Achevée et consultable, j’imagine qu’on y trouvera “forcément” quelques lettres d’admirateurs de Marguerite Duras pour s’étonner, se plaindre ou réclamer haut et fort l’inscription de cette auteure dans la prestigieuse bibliothèque. Pour ma part, j’ai dû manifester ma surprise voire mon agacement à plusieurs reprises auprès de la NRF.
Car, comme tout fidèle de cette collection j’ai mon idée sur les auteurs qu’elle accueille ou qu’elle repousse. Je pense que certaines absences sont étonnantes, voire choquantes. Et inversement, mais ne polémiquons pas. J’ai connu un grand effroi il y a un certain nombre d’années quand une autorité du Tout-Paris littéraire, éditrice de sa fonction, “militait” en faveur de l’entrée d’Hervé Bazin, écrivain respectable au demeurant. Mais c’était de son vivant, bien avant sa disparition en 1996. Je trouve d’ailleurs dommage – c’est mon point de vue de lecteur – que la porte de ce Panthéon soit ouverte aux vivants. Mais enfin Céline en fut heureux, juste avant sa mort, et Kundera le mérite tout autant.
Que les Oeuvres complètes de Duras figurent prochainement dans la Pléiade me réjouit donc. C’est un écrivain majeur que la Bibliothèque accueille avec ces deux premiers volumes qui seront suivis de deux autres ultérieurement. Cela ne fera pas taire les pisse-froid qui se plaisent à la caricaturer, n’ayant pas compris ou accepté que Duras soit considérée comme l’un des auteurs essentiels du siècle dernier. Beaucoup heureusement lui avaient accordé ce statut, bien avant le prodigieux succès de L’Amant aux 1 700 000 exemplaires vendus dans le monde en vingt-huit langues. S.B.