Le 11-Septembre est devenu un emblème de l’époque, selon Mathieu Larnaudie (1). Il était inévitable que les écrivains aient besoin de s’y confronter.
La Croix : En quoi le 11-Septembre a-t-il modifié, voire transformé, le rapport à la création littéraire ?
Mathieu Larnaudie : Dans les années qui ont suivi, nous avons eu droit à une floraison de tentatives romanesques pour représenter ce qui avait eu lieu ce jour-là. Ne serait-ce qu’à travers ce constat, le 11-Septembre s’est donc donné, de fait, comme motif littéraire. Plus nombreux encore, sans doute, ont été les livres qui s’en sont inspirés indirectement ou qui se sont ancrés dans une « ambiance post-11-Septembre », que ce soit sous l’angle de la catastrophe, de la paranoïa complotiste ou sécuritaire, du déclin civilisationnel.
Autant de thématiques qui se sont épanouies en extension aux questionnements ouverts par ce fait. Nos imaginaires ne peuvent être sortis indemnes d’un événement d’une telle force, ni de sa propagation simultanée dans le monde entier – car l’événement n’est pas distinct de sa médiatisation. Cette image qui a tourné pendant des jours, des semaines, en boucle sur tous les écrans du monde, s’est plantée dans nos esprits. C’est devenu un emblème de l’époque. Il était naturel et même inévitable que les écrivains manifestent le besoin de s’y confronter.
Avez-vous pensé vous emparer, comme romancier, d’un tel sujet ?
Je ne crois pas, non. Ce qui ne veut pas dire, évidemment, que l’événement ne m’a pas influencé. Je me rappelle que l’un des plis les plus largement employés par les auteurs consistait en une forme étrange de déploration : nous avions tous assisté au même spectacle, mais celui-ci nous avait atomisés. Nous étions séparés les uns des autres, chacun devant nos écrans.
( Auteur de Les Effondrés, Actes Sud (lire La Croix du 28 avril 2010).
Recueilli par Sabine AUDRERIE