LEMONDE pour Le Monde.fr | 17.06.11 | 22h37 • Mis à jour le 17.06.11 | 22h56
En 1944, le jeune Leigh Fermor, issu de la grande bourgeoisie anglaise, organisait en Crète la résistance contre l’occupant allemand. Il parvint avec ses maquisards à capturer un général SS et l’emmena pour le cacher dans les montagnes avant de l’acheminer vers la mer, d’où on l’enverrait en Egypte. Alors que le soleil apparaissait derrière le mont Ida, l’Allemand murmura le début d’une strophe latine dans laquelle Horace célèbre cette montagne. Le jeune Fermor, bon latiniste lui aussi, continua la strophe. « Ach so, Herr Major ! » lui glissa le SS. Cette émotion partagée par deux hommes enracinés dans les mêmes valeurs littéraires a sans doute marqué le jeune Anglais : presque tous les ouvrages qu’il a publiés sont empreints de ce qu’on pourrait qualifier de « Désir d’Europe ». L’envie de connaître, de comprendre, et finalement de chanter sa patrie européenne, ses origines grecques, son histoire commune, ses valeurs partagées. Son premier ouvrage, publié au début des années cinquante, est pourtant un récit de voyage aux Antilles : The Travellers Tree. Fermor donne ici sa première leçon, magistrale, sur la manière de voyager, de ressentir, de partager et de décrire ce qui compte : les paysages, naturellement, mais surtout la vie des gens, leurs espoirs et leurs découragements.
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