Prosper Jolyot de Crébillon né à Dijon le 13 janvier 1674 et mort à Paris le 17 juin 1762, est un auteur dramatique français.
Il est souvent appelé Crébillon père pour le distinguer de son fils Claude-Prosper Jolyot de Crébillon, lui aussi écrivain, dit Crébillon fils.
Œuvres
Postérité littéraire
Le théâtre de Crébillon tient une place importante dans l’histoire littéraire, à la fois par sa valeur propre et par les discussions dont il a fait l’objet. À une époque où les auteurs de tragédies cherchaient à imiter servilement Jean Racine, à l’image du baron Hilaire de Longepierre, dont il est intéressant de comparer la tragédie Électre, créée en 1702, à la pièce de Crébillon donnée quelques années plus tard sur le même sujet, Crébillon innova avec des pièces fondées moins sur la psychologie que sur une sorte de « tragique de situation », à coup de scènes d’horreur, de reconnaissances et autres coups de théâtre qui annoncent le mélodrame du xixe siècle. « J’aime mieux encore, écrit-il dans la préface de Rhadamiste et Zénobie, avoir chargé mon sujet d’épisodes que de déclamations. »
Les pièces de Crébillon renferment des scènes saisissantes, et des vers bien frappés, énergiques, dont plusieurs sont passés en maximes. Mais elles ont également de graves défauts : des intrigues souvent très compliquées, difficiles à suivre, et une versification parfois incorrecte, souvent relâchée, un style dur, heurté, parfois obscur. Crébillon écrivait vite et avec peu de soin. Il avait une facilité incroyable : on raconte qu’il refit en vingt-quatre heures tout le dernier acte d’Idoménée qui, le soir de la première, n’avait pas plu au public. L’élégance n’était pas son souci, et sa culture mythologique et historique est souvent prise en défaut.
« Crébillon, écrit d’Alembert, a montré la perversité humaine dans toute son atrocité [...] Il a cru remplir par ce moyen un des deux grands objets que les Grecs regardaient comme le but de la tragédie, la terreur [...] Ce but général et unique des pièces de Crébillon leur donne un ton de couleur sombre par lequel elles se ressemblent toutes [...] Elles sont encore semblables par les moyens que l’auteur emploie pour produire des situations théâtrales ; les reconnaissances surtout sont un de ceux dont il fait le plus fréquent usage : mais rendons-lui du moins la justice d’avouer qu’il en a fait l’usage le plus heureux [...] Crébillon n’a guère que des vers heureux, mais des vers que l’on retient malgré soi, des vers d’un caractère aussi fier qu’original, des vers enfin qui n’appartiennent qu’à lui, et dont l’âpreté mâle exprime, pour ainsi dire, la physionomie de l’auteur. Si les détails de la versification ne souffrent pas chez lui l’examen rigoureux, si la lecture de ses pièces est raboteuse et pénible, l’énergie de ses caractères et le coloris vigoureux de ses tableaux produiront toujours un grand effet au théâtre. » Mais ses personnages manquent d’épaisseur et de vie, faisant de ses tragédies un assemblage étrange d’énergie et de fadeur, d’atrocités et d’inconsistance.
Liste chronologique
Idoménée, tragédie, 29 décembre 1705 (texte intégral sur la base Gallica)
Atrée et Thyeste, tragédie, 14 mars 1707 (texte intégral sur la base Gallica)
Électre, tragédie, 14 décembre 1708 (édition en ligne sur theatre-classique.fr)
Rhadamiste et Zénobie, tragédie, 23 janvier 1711 (texte intégral sur la base Gallica)
Xerxès, tragédie, 7 février 1714
Sémiramis, tragédie, 10 avril 1717 (texte intégral sur la base Gallica)
Pyrrhus, tragédie, 29 avril 1726 (édition en ligne sur theatre-classique.fr)
Catilina, tragédie, 20 décembre 1748 (texte intégral sur la base Gallica)
Le Triumvirat, ou la Mort de Cicéron, tragédie, 23 décembre 1754
Les œuvres de Crébillon ont été imprimées à l’Imprimerie Royale en 1750, 2 volumes in-4. On en a donné depuis une foule d’éditions. Les meilleures sont celles de Pierre Didot, 1812, 3 volumes in-8, et de Antoine-Augustin Renouard, 1818, 2 volumes in-8.
D’après http://fr.wikipedia.org/wiki/Prosper_Jolyot_de_Crébillon