15-06-11 à 16:22
Ce 15 juin, pour le centenaire de la maison, la rue où siège Gallimard sera rebaptisée «rue Gaston-Gallimard». Vous vous en moquez? Ce n’est pas le cas de tout le monde. Plongée dans un sac de nœuds où l’on croise Mick Jagger, Pierre Assouline, quelques riverains en colère… et l’inventeur de l’annuaire.
Le siège de Gallimard rue Sébastien-Bottin, en 1929, l’année de l’installation. Le 15 juin, ladite rue Sébastien-Bottin sera rebaptisée rue Gaston-Gallimard. [(c) Archives Gallimard]
La rue Sébastien-Bottin est une drôle de rue, qui ne compte qu’un numéro 5 et un numéro 9. Au numéro 5, on trouve le siège des éditions Gallimard. Au numéro 9, on trouve des gens. Ce mercredi 15 juin, tout change: le 9, rue Sébastien-Bottin deviendra le 1, rue Sébastien-Bottin; le 5, rue Sébastien-Bottin deviendra quant à lui le 5, rue Gaston-Gallimard.
A qui doit-on cet étrange branle-bas de voirie? A Antoine Gallimard, d’abord. Le petit-fils du grand Gaston(ci-contre en photo), placé à la tête de la maison en 1988, tenait à ce petit caprice depuis quelques années: «l’Express» raconte que l’idée lui vint pendant l’inauguration de la place René-Char, non loin de la rue Sébastien-Bottin, en 2007. Il prit alors contact avec les habitants du numéro 9, seuls êtres vivants de la rue à n’avoir rien en commun avec Gallimard. Il rencontra quelques oppositions, qui ne le découragèrent pas. Il se lança dans une campagne de lobbying.
Pour cela, il fit appel à Pierre Assouline. Le chroniqueur du «Monde», biographe du vieux Gaston, présenta le projet à la Mairie. Il fut chargé de pousser le dossier en cas d’indifférence ou d’hostilité. En sept ou huit mois, Assouline intervint à plusieurs reprises auprès des conseillers de Bertrand Delanoë, David Kessler et Philippe Lamy, pour éviter l’enlisement : il fallait que la plaque puisse être dévoilée le jour de l’anniversaire.
Le projet fut validé juste à temps par le Conseil de Paris, le 17 mai dernier. Les conseillers du VIIème arrondissement claironnent depuis leur désaccord – mais qui se soucie des conseillers d’arrondissement? L’adjoint au maire explique au «Parisien» que «la règle est de ne pas changer le nom d’une rue où des personnes habitent», bien que la chose semble se produire fréquemment. Il ajoute que «donner un nom d’entreprise à une rue, ça ne se fait pas». L’argument a de quoi faire sourire: la rue Sébastien-Bottin fut ainsi baptisée parce qu’elle abritait les locaux de Didot-Bottin, qui éditait divers annuaires de commerce, ainsi que le «Bottin mondain».
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