Sur fond de controverse paléontologique, Les Plumes du dinosaure s’interroge sur la part de subjectivité dans la recherche scientifique et l’investigation policière.
• par Angelina Aubère
« Les oiseaux sont des dinosaures ». Si l’on est peu féru de grosses bêtes du Crétacé, voilà une assertion qui a de quoi surprendre. Et pourtant, il semblerait bien que moineaux, piafs et autres animaux volants tout à fait identifiés constituent la digne descendance – après évolution, cela va de soi – des fameux mastodontes. Si toute la communauté scientifique semble considérer cette donnée comme acquise, il reste un irréductible et éminent ornithologue canadien pour s’évertuer à démontrer que l’oiseau ne descend pas plus du dinosaure que l’encrier du calamar.
Etudiante en biologie et mère célibataire d’une petite fille de trois ans, Anna Bella a choisi cette controverse sur l’ancêtre des oiseaux comme sujet de mémoire. Elle peine durement à la tâche quand la mort de son directeur de recherche vient s’ajouter à la pagaille de sa vie compliquée. D’autant plus que l’autopsie du corps de Lars Helland révèle la présence de deux mille six cents larves de tænia du porc.
Présence non fortuite, le commissaire Søren Marhauge en est convaincu. Et tout cela vire au maelström le plus inextricable lorsque Johannes, collègue d’Anna et assistant de Lars Helland, est retrouvé mort chez lui, le crâne défoncé.
Biologiste à la ville, Sissel-Jo Gazan réussit le pari de rendre les enjeux de la science – qu’ils soient d’ordre épistémologique, paléontologique ou ornithologique – encore plus passionnants que son intrigue policière. Servi par des personnages à la psychologie solide et fouillée, tous dépositaires ou objets de secrets, Les Plumes du dinosaure interroge la part subjective qui influe sur les travaux apparemment les plus objectifs. Et si les secrets pourrissent la vie, ils peuvent aussi tuer. Parfois.
Source : http://www.nabbu.com/chronique/plumes-dinosaure,197.html?PHPSESSID=2mgigg28rk4n7co9jvprn4ilc4