Lorsque, en 1978, le Centre méridional des mentalités et des cultures de l’Université d’Aix-en-Pce organisait un colloque consacré aux «Intermédiaires culturels», il ouvrait un chantier de recherches promis jusqu’à aujourd’hui à de vastes développements. La publication des Actes du colloque, en 1981, prend la forme d’un volume de 682 pages ouvert par une riche introduction de Michel Vovelle, et auquel l’historien du livre aura toujours avantage à se reporter. Nous avouerons que, si quelques études mettent en jeu le monde du livre et de l’imprimé, ce thème reste en définitive assez marginal et il est exploré selon une perspective qui pourra aujourd’hui paraître quelque peu datée (il s’agit surtout de typologie des «cultures»).
Que les imprimeurs, libraires et autres professionnels du livre aient depuis l’époque des incunables joué le rôle d’intermédiaires culturels, le fait n’est pourtant pas douteux.
Les uns innovent en faisant compiler ou rédiger des textes nouveaux, qu’ils pensent susceptibles d’être appréciés par un public lui-même en partie nouveau -leurs motifs sont d’abord d’ordre financier. L’invention de la «Bibliothèque bleue», au début du XVIIe siècle, s’inscrit dans cette perspective: exploiter un fonds de textes et d’images qui ne correspond plus à la demande du lectorat le plus avancé, mais qui sera très largement diffusé dans des catégories moins favorisées, et dans le monde rural. L’objectif -faire de l’argent- entraîne une évolution des consommations culturelles et une forme d’ouverture qui n’étaient pas recherchées comme telles a priori.
Le second modèle est celui où le professionnel envisage en toute connaissance de cause de promouvoir un certain message: c’est, déjà, le principe des imprimeurs humanistes, lorsqu’ils s’emploient à mettre à la disposition des lecteurs de bonnes éditions des classiques de l’Antiquité, ou encore les Textes sacrés dans des versions canoniques et qui facilitent leur bonne compréhension. Bien sûr, de la diffusion à la propagande, le pas est dès le XVIe siècle vite franchi, surtout en matière religieuse, mais aussi en matière politique.
Lire la suite : http://histoire-du-livre.blogspot.com/2011/06/les-intermediaires-culturels-et.html