Par Yohan le mardi 31 mai 2011 - Correspondances - Lien permanent
Après le magnifique Les Années, le lecteur des œuvres d’Annie Ernaux pouvait imaginer qu’elle était arrivée à la fin d’un cycle. Et redouter que ce soit l’un de ses derniers ouvrages, voire le dernier. Heureusement, elle continue d’écrire, cette fois-ci une lettre à sa sœur. Une sœur qu’elle n’a pas connue, et dont elle a longtemps ignoré l’existence.
Annie Ernaux signe une lettre qui restera sans réponse, que son destinataire ne lira même jamais. Car c’est une lettre à une morte, à un membre de sa famille qui aurait dû lui être proche, mais qui est entouré du plus grand mystère. Car les parents n’ont jamais souhaité en parler. N’ont jamais mentionné le nom de cette première enfant. Et c’est en entendant une discussion, à l’âge de dix ans, qu’Annie apprend, contre le gré de ses parents, l’existence de cette sœur.
En plus du mystère, cette dernière est entourée d’une aura globalement positive. Pour sa mère, c’est un ange, une petite sainte partie trop vite. A l’opposé, Annie est pour ses parents une enfant turbulente, loin de cette enfant chérie. Cette opposition inconsciente est une des briques de la fabrication de la personnalité d’Annie Ernaux, qui a vécu dans l’ombre de sa sœur.
Pourtant, l’auteur ne souhaite pas qu’on fasse de cette lettre une analyse psychanalytique. Ce passé douloureux n’est pas la raison pour laquelle elle a produit son œuvre littéraire, mais un événement dans son parcours de femme. Elle profite de cette lettre, qui lui rappelle la Lettre au père de Kafka, pour faire des parallèles avec la vie de sa sœur : la maladie qui l’a emportée, alors qu’elle a survécu au tétanos. Se souvenir des photos, sur lesquelles elle pensait figurer et qui étaient celles de son aînée.
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