On nous promet une histoire de fantôme mais Angelica est bien plus que ça : Un narrateur commence un pensum, dans lequel il narre l’histoire de Contance, une femme malheureuse. Elle considère son mari comme un homme brutal qui a profité de sa situation d’orpheline pour la courtiser. Mais surtout Constance fait des cauchemars abominables depuis que sa fille de quatre ans, Angelica ne dort plus dans leur chambre sur l’ordre de son mari Joseph : « Etre réveillée par les cris de l’enfant se plaignant d’avoir mal au mains alors qu’elle faisait elle-même un rêve affreux dans lequel ses mains la faisaient souffrir ? Une pensée qui lui fut douce et épouvantable : elles partageaient leurs cauchemars. » Mais les angoisses de Constance se transforment en véritable terreur lorsqu’elle s’aperçoit que sa fille est hantée par un démon : « Cela descendait sur la fillette endormie, tel un ange de la mort ou un dieu antique de l’amour, bien décidé à soumettre le corps minuscule à son désir. Mais Constance l’avait interrompu« . Un fantôme ! La jeune femme décide donc de faire appel à une exorciste Anne Montague.
Ce roman n’est pas un simple récit de fantôme : il contient mille thèmes qui hantent la société victorienne. Il est aussi question de désir, de refoulement, de solitude, de la condition de la femme, de statut social… Mais surtout la construction de ce roman force l’admiration du lecteur, exacerbe son imagination et multiplie ses conjectures : quatre récits se succèdent où les mêmes faits sont vus à travers les yeux des différents protagonistes. Ainsi est suscitée une atmosphère oppressante grâce à une narration tortueuse, amenant des éléments de l’intrigue de façon éparse qui vous mènera dans les méandres de l’inconscient de ces quatre personnages. Lecteurs, plus vous avancez dans le récit, plus la vérité semble se dissoudre dans l’apparition de nouveaux secrets, de nouvelles histoires parfois abandonnées… Qui a raison ? Quelle est la clé de l’énigme ? Surnaturel ou réel ? Dans cette intrigue diaboliquement bien conçue, la dernière phrase est comme une apothéose renforçant le mystère et l’étrangeté de roman…
Angelica d’Arthur Phillips, Pocket, 470p.
Vu sur le site de Lou.
Source : http://1001classiques.canalblog.com/