VIE DES IDÉES – Cette semaine, une cinquantaine d’auteurs sont invités aux 5eAssises internationales du roman, manifestation qui célèbre la littérature comme « formidable outil de compréhension du monde ». L’argentin Rodrigo Fresan, l’israëlien David Grossman, les français Philippe Forest ou Maylis de Kérangal participeront ainsi à des tables rondes et des rencontres aux Subsistances et dans plusieurs librairies ou bibliothèques du Rhône. A l’initiative de cet événement, Guy Walter, directeur de la Villa Gillet et des Subsistances, a déjà d’autres projets. Il revient, pour Libé Lyon, sur ses relations de travail avec les Etats-Unis, le Conseil de Création artistique dont il était un fervent soutien, sa non nomination à la direction du Festival d’automne et son projet de créer à Lyon un événement autour des sciences humaines et sociales.
En février puis avril dernier, vous avez organisé à New-York l’événement « Walls and Bridges » financé par le Conseil de la Création Artistique dirigé par Marin Karmitz. Comment s’est monté cet événement ?
J’ai été contacté par Marin Karmitz, le directeur du Conseil de la création artistique – que je ne connaissais pas du tout – pour réfléchir à un projet sur les sciences humaines et sociales, à l’étranger. Il connaissait bien les activités de la Villa Gillet et les Assises Internationales du Roman. Je lui ai posé des tas de questions sur ce qu’il attendait, ses motivations, etc. Dès le départ, ça a été un échange d’idées très libre, rapide et ouvert. Il n’avait pas de projet arrêté mais faisait le constat que les sciences humaines et sociales s’exportaient mal et voulait faire quelque chose.
S’agissait-il de redorer le blason de la pensée française aux Etats-Unis, « déclinante » depuis la fin de l’âge d’or de la French Theory ?
Non, nous étions bien d’accord là dessus : si c’était pour faire une opération diplomatique classique pour montrer la puissance de la pensée française, allumer une vitrine et puis l’éteindre, ce n’était pas une bonne stratégie.
Il fallait créer un vrai réseau de travail, lire, rencontrer éditeurs, agents, professeurs d’université, journalistes, responsables de revues, etc. tous ceux qui font la vie intellectuelle à New-York. En un an, on a rencontré 150 personnes. C’est quand on a eu le sentiment de comprendre qui ils sont, qu’on a fait un projet. Marin Karmitz pensait qu’il fallait partir des Américains ; c’était une intuition très juste. On n’est pas venus comme des diplomates, mais comme des intellectuels, des créateurs. On y est allés avec une connaissance de ce qui avait été écrit et une intuition de ce qui pouvait les intéresser, mais à leur contact, tout a bougé. Comme nous, ils sont intéressés par les questions autour de la frontière, de l’immigration ou de la sécurité, mais avec eux, le positionnement des questions est complètement différent. Ils s’adossent à des traditions philosophique et historique différentes. Ça a été un ajustement permanent. L’aventure a extrêmement bien marché.
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