22 mai 2011
Par deux fois, j’ai entendu de vibrants éloges de ce livre à la télévision. Un journaliste puis une libraire en parlaient avec tant d’amour dans leur voix et d’étincelles dans leurs yeux que je ne voulais pas passer à côté de ce court récit.
L’intrigue ne tient pas à grand chose : une fillette arrive chez un couple, des proches qu’elle n’a jamais vus, le temps d’un été. Sa mère est de nouveau enceinte et elle voudrait se décharger de cette petite. Elle a tant d’autres bras à s’occuper que l’absence de cette fillette ne se fera pas sentir.
C’est le père qui la dépose. Le temps d’un café. On ne s’attarde pas chez les autres, et puis il y a encore à faire à la ferme.
La fillette reste seule, sans sa valise puisque son père a oublié de la lui laisser. Elle portera d’autres vêtements, ce n’est pas grave …
Au fil du texte, on se rendra compte qu’un secret règne dans cette maison, même si on lui a bien dit le contraire. Un lourd secret.
Mais, malgré ce non-dit, la fillette apprendra aussi grâce à ce couple ce qu’est l’amour.
Ce récit commence un peu comme un conte : la fillette est pratiquement abandonnée par ses parents, pas assez riches pour l’élever, et même si on sait qu’elle retrouvera les siens, on ne peut que penser à ce Petit Poucet obligé de partir de chez lui.
Heureusement pour cette fillette qu’elle ne tombe pas sur une famille d’ogres. Non, sa famille d’accueil est gentille et aux petits soins pour elle. Mais, comme dans un conte, certains éléments créent une tension assez forte. Le lecteur attend un évènement terrible, et le style du narrateur fait de non-dit et d’implicite n’arrange rien à cette tension.
Restera-t-elle pour toujours chez ce couple ? Pourquoi les villageois lui posent-ils autant de questions ? Pourquoi lui met-on ces habits particuliers ?
L’action se passe dans les années 80, mais elle pourrait très bien se passer dans les années 50 ou 60 : l’intrigue n’est que peu datée (un frigo par-ci nous indique une période assez vague, mais les indices sont peu nombreux), ce qui la rend universelle.
En effet, ce n’est pas trop le portrait d’une époque qui nous intéresse dans ce livre. Tout est de l’ordre de l’intime. Cette fillette qui n’a que peu connu l’amour de ses parents, bien trop occupés à tenir leur ferme, à nourrir les nombreuses bouches, va s’épanouir pour devenir Pétale dans la bouche de l’homme. Quant au couple, il va trouver en la fillette un pansement pour aller de l’avant. Grâce aux gestes du quotidien, grâce à cette tendresse qu’on peut donner à l’autre sans forcément en attendre en retour.
Peu importe du quand dira-t-on, ces trois personnages, ces trois lumières vont ensemble arriver à étinceler de nouveau.
Il est toujours déstabilisant de lire un tel livre. On s’attend à un évènement tragique avec toute cette tension, et au final l’issue du récit n’en est que plus bouleversante. C’est la gorge serrée que j’ai refermé ce roman.
Je ne connaissais pas cette auteur, mais sa narration m’a bluffée. C’est un joli coup de coeur, assurément.
Auteur : Claire Keegan
Editeur : Sabine Wespieser
Date de parution : 05/04/2011
EAN13 : 9782848050959
Genre : romans et fiction romanesque
Nombre de page(s) : 100
14 €
Clara aussi est tombée sous le charme de ce récit.
Source : http://leiloona.canalblog.com/archives/2011/05/22/21191278.html