Même si le livre n’est annoncé aux éditions Robert Laffont que 18 août, le buzz a déjà commencé sur le web. Le premier roman traduit en français de l’auteur suédois Steve Sem-Sandberg, Les dépossédés, promet en effet de mobiliser les pages livres pendant plusieurs semaines.
Odyssée de près de 600 pages, le livre revient sur le président du comité juif Mordechai Chaim Rumkowski, un homme d’affaires juif de 63 ans, qui dirigeait pendant la seconde guerre mondiale le ghetto de la ville polonaise de Lódz. Ayant transformé le lieu en un immense camp de travail qui, selon lui, permettrait aux Juifs ayant participé à l’effort de guerre allemand d’être épargnés, il exhorta les parents à livrer leurs enfants de moins de neuf ans inaptes au travail.
Après plusieurs années de recherche dans les archives même du camp, Sem-Sandberg livre un texte ample, dans lequel il analyse en profondeur la personnalité complexe de Rumkowski. Était-il un fou imbu de pouvoir ? Un opportuniste sans âme ? Ou peut-être un stratège pragmatique qui espérait sauver des Juifs en les convertissant à un effort collaborationniste ?
Lauréat en 2009 du prix August-Strinberg, le Goncourt danois, Les dépossédés fut l’événement de la foire aux droits littéraires de Francfort un an plus tôt. Il est actuellement en cours de traduction dans 25 pays, Il paraîtra quasi-simultanément à la rentrée en Grande-Bretagne, aux États-Unis et en France.
Les dépossédés de Steve Sem-Sandberg
Présentation de l’éditeur
De 1940 à 1944, le ghetto de Lódz est placé sous la direction de Mordechai Chaim Rumkowski, président du Conseil juif. Contrôlé strictement par l’administration allemande, le Conseil juif dirige tous les aspects de la vie quotidienne dans le ghetto : police, justice, santé, travail, alimentation. Convaincu que, si les juifs se rendent indispensables à l’effort de guerre allemand, ils seront épargnés, Rumkowski transforme le ghetto en un immense atelier super productif. Pris au piège de sa logique, il sacrifie les inadaptés et les indésirables. Il se mue ainsi, consciemment ou non, en un très efficace rouage de la machine d’extermination nazie. En septembre 1942, il prononce un discours insoutenable pour exhorter les parents à livrer leurs enfants de moins de neuf ans, incapables de travailler. Les trahisons et les efforts de Rumkowski furent vains : en 1944, Himmler donna l’ordre de « liquider » le ghetto. Il ne restera qu’un peu plus de 800 survivants sur une population ayant dépassé les 250 000 habitants. Traître pour certains, héros pour d’autres, le personnage très controversé de Rumkowski suscite de nombreuses interrogations sur la dignité, l’abjection et la survie.
© Éditions Robert Laffont, 2011
« Les dépossédés » de Steve Sem-Sandberg, traduit du suédois par Johanna Chatellard-Schapira, Éditions Robert Laffont, 592 pages, 22 €. Parution le 18 août 2011.