mercredi 11 mai 2011
Bernard Noël à travers deux revues
Dans ce double numéro d’Europe (1) l’objectif est de donner à entendre la résonance qui existe entre toutes les interventions de Bernard Noël, qu’elles soient d’écriture ou de parole, de dessin, de mise en scène ou de traductions, d’embrasser sa carrière pour rendre visible la cohérence et la tonalité indéfectible de son œuvre, de faire découvrir sa voix et sa pensée aux jeunes générations.
Nous entendrons tout d’abord un trio de voix où surgissent des souvenirs personnels, puis, des analyses plus stylistiques mais où Bernard Noël apparaît souvent, de biais, sortant des ombres de ces analyses littéraires, comme si sa personnalité y résistait. Mais c’est tout d’abord deux poèmes qui sont proposés. Et un entretien avec Chantal Colomb-Guillaume qui a préfacé et coordonné ce numéro. Il y aborde l’Aubrac contemporain, l’obstacle personnel que fut l’occitan parlé à la maison durant son enfance, ses études dans une École de Journalisme qui l’envoyèrent dans les cafés de Saint-Germain-des-Prés et son appartenance au réseau Curiel avant d’aborder les souvenirs liés aux premiers ouvrages : L’auteur de Extraits du Corps n’avait pas d’existence et celui du Château de Cène n’a commencé à exister que vers le milieu de 1969, mais sans me donner à vivre une double identité car, loin de m’identifier à lui, j’évitais de me signaler sous son nom (…).
Le Dictionnaire de la Commune fut une entreprise politique mais aussi le moment où il commença à signer Le Château sous son véritable nom. Il y eut ensuite Onze Romans d’œil, Romans d’un regard, etLes Peintres du Désir : Le regard est inséparable de l’espace qu’il génère, qu’il occupe, il s’en suit que regarder le regard, c’est faire l’expérience de l’espace dans son unité (…) Peut-être le rapport de la poésie et de la peinture tient-il dans le rapprochement un peu barbare de ces deux mots.
Un poème de Bernard Noël titré Le livre de l’Oubli suit cet entretien :
L’usage normal de la langue : compter et conter. L’écriture est fondée sur un détournement originel qui s’oublie tellement en lui-même qu’elle cherchera toujours d’où elle vient. (…) Le pouvoir est assuré du présent : il sait qu’il n’y a rien hors de lui. Étant propriétaire du présent, il l’est aussi du passé, et cela suffit à faire croire à son avenir. Il est d’ailleurs ce dont l’avenir ne change pas la nature. Le pouvoir contrôle notre relation avec le temps. Seul l’oubli peut le déranger. L’oubli :le contre-pouvoir (…) Mon corps est mon seul lieu, mais il ne tient qu’à un nom, et ce nom a pour fonction de le rendre à l’oubli, dont il est fait.
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