Nous voilà dans une des plus grandes librairies universitaires de Londres à la recherche d’un ouvrage sur la Competitive Intelligence.
Déception : s’il est possible d’en commander, aucun n’est disponible dans les rayons. Rabattons-nous alors sur un petit livre de stratégie écrit pour les managers et publié par Harvard : Thinking Strategically.
Etonnement : il ne ressemble en rien aux ouvrages de stratégie français. Rien sur la théorie des organisations, pas de matrices en vue, pas de longs développements sur les stratégies génériques ou les Domaines d’Activités Stratégiques. Non, aucun schéma, pas de prêt-à-penser.
Mais quoi alors ? De l’intelligence, avant tout de l’intelligence ! En une petite centaine de pages, deux phases et 7 étapes, tout est dit.
La première phase de Thinking Strategically consiste à Préparer le terrain en comprenant son environnement (« See the Big Picture ») et en articulant les objectifs stratégiques.
La question première est donc d’être en intelligence avec son environnement par une connaissance fine et la plus panoramique possible des éléments du système dans lequel s’inscrit son action et à s’organiser en conséquence. Connaître est agir. Une conception déjà développée en 1967 ( !) dans l’ouvraged’Harold Wilensky, Organizational Intelligence : Knowledge and Policy in Government and Industry où l’universitaire américain pose les deux grandes problématiques de l’intelligence économique :
les stratégies collectives et la coopération entre gouvernements et entreprises dans la production d’une connaissance commune pour la défense de l’avantage concurrentiel ;
l’importance de la connaissance dans l’économie et l’industrie comme moteur stratégique du développement et du changement.
Chez Wilensky, l’intelligence est entendue comme le recueil, l’interprétation et la valorisation systématique de l’information pour la poursuite de ses buts stratégiques. Mais attention. Pour l’auteur américain, il ne s’agit pas d’un processus d’accumulation d’informations mais plutôt de production de connaissances dans le cadre de stratégies collectives. Et le véritable levier concurrentiel et stratégique se trouve dans les compétences d’interprétation (« interpretation skills ») quand les principaux obstacles sont les rigidités organisationnelles (hiérarchisation et bureaucratisation en particulier).
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