Publié le 20 avril 2011 par ,
Présentation du livre de Marc Endeweld, France Télévisions [off the record], éditions Flammarion, septembre 2010, 473 p., 21,90 euros… [et, en même temps du prochain « Jeudi d’Acrimed », avec l’auteur :« Télévisions publiques : un déclin inexorable ? », à Paris (5 mai)].
Le compte-rendu qui suit s’efforce de faire ressortir, sous la chronologie, l’histoire d’un déclin, celui de la télévision publique et de retenir quelques leçons générales des principaux épisodes…
L’enquête de Marc Endeweld, journaliste indépendant spécialiste des médias audiovisuels, repose sur une base documentaire impressionnante, puisée à des sources multiples dont certaines sont inédites (rapports parlementaires, textes internes à l’entreprise), ainsi que sur la réalisation de plus de 230 entretiens auprès des principaux responsables de France Télévisions, de hauts fonctionnaires, d’animateurs et de journalistes.
Autant dire que la matière est abondante, presque trop même parfois : ce qui rend difficile de prétendre en restituer toute la richesse. On se contentera de retenir les points principaux de cette enquête qui montre, pour reprendre les termes de la quatrième de couverture « Comment l’État actionnaire, de gauche comme de droite, n’a cessé d’affaiblir le groupe public au profit du privé. » En quatre actes.
I. Première partie : « Le Monde de l’audiovisuel est médiocre »(Hervé Bourges)
L’ouvrage de Marc Endeweld s’ouvre sur un chapitre qui parce qu’il porte sur le rôle de la principale chaîne privée constitue, à bien des égards, l’une des clés de l’ensemble de la démonstration : comment la place accordée aux chaînes privées trace les limites de ce que la télévision publique peut entreprendre…
Depuis la constitution du groupe France Télévision en 1992, rappelle l’auteur, TF1 n’a eu de cesse de le répéter : les chaînes publiques, doublement financées par l’État et la publicité, exercent une pression à la baisse sur les tarifs publicitaires et ponctionnent indûment une part de la « manne » au détriment des chaînes privées. Ce leitmotiv, qui se fait plus pressant en 2007, lorsque TF1 enregistre une baisse historique de ses parts de marché, trouvera enfin un terrain favorable avec l’élection de Nicolas Sarkozy, ami intime du PDG de TF1 Martin Bouygues. Et ce sera d’une pierre deux coups puisque, par-delà les discours sur la nécessaire (et vertueuse) distinction des identités, celle du public et celle du privé, ce sera aussi le retour, pour le groupe France télévisions, à une plus grande dépendance à l’égard de son unique actionnaire, l’État. Redoutable fatalité pour le service public de l’audiovisuel que cette oscillation permanente entre autonomie et dépendance ou plutôt entre deux formes de dépendances, économique et politique, et dont le jeu fait la petite et la grande histoire. (Chap. 1 : « Les vieilles ficelles de TF1 », p. 17-26).
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