Cela faisait trois ans que ce roman d’apocalypse nous hantait (il a paru aux Etats-Unis en 2006, en France en 2008, où il s’est vendu à 560.000 exemplaires.)
Comme tous les grands livres, il attendait son heure. Il grondait dans sa caverne de papier. Il savait bien qu’il serait rattrapé par la réalité qu’il avait annoncée, et contaminé par les radiations qu’il préfigurait. C’est «la Route», de Cormac McCarthy (Points-Seuil, 6,80 euros), avec son interminable hiver nucléaire, ses jours sans soleil ni oiseaux, ses nuits sans lune, ses paysages de neige sous un ciel de cendres, ses villes en ruine où même les cadavres semblent encore sidérés, et la fuite éperdue, vers le sud, d’un père et son fils obligés de survivre à l’invivable.
Après avoir été porté au cinéma par John Hillcoat, «la Route» a envahi les journaux télévisés avec la triple catastrophe japonaise du séisme, du tsunami et de la destruction de la centrale nucléaire. Les images terribles qu’on voyait, c’est comme si on les avait déjà lues. Jamais l’hypothèse d’Italo Calvino – «Lire, c’est aller à la rencontre d’une chose qui va exister» – n’a été plus juste.
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