24/03/2011 | Mise à jour : 18:09
(Jean-Chirstophe Marmara/Le Figaro)
L’académicienne, disparue récemment, évoque la figure de sa mère, Jeanne Malvoisin, romancière et grand amour de sa vie.
En 1934, une mère offre à sa fille unique une édition bilingue (grec-latin) de Thucydide en sept volumes assorti d’un conseil typiquement maternel: «Ce serait bien que tu fasses un peu de grec pendant les vacances.» Elle ne mesure pas les conséquences de son geste. Car la scène eût été banale si la jeune fille, à qui le livre avait été offert, n’avait été la future Jacqueline de Romilly, disparue le 18 décembre dernier.
La scène est racontée dans le livre bouleversant que l’académicienne a écrit sur sa mère. En 1977, à la mort de Jeanne Malvoisin, Jacqueline de Romilly avait rédigé un texte intitulé simplement Jeanne, du prénom de l’intéressée. Elle vient d’être élue à l’Académie des inscriptions et belles lettres, couronnement de sa carrière, mais tient à dire sa piété filiale à celle qui ne vécut que pour le bonheur de sa fille. Jusqu’à ses derniers jours. Elle clôt son livre par ses mots, presque dans les larmes: «Je ne vais pas, je ne veux pas, parler de la mort de Jeanne. C’est affaire entre elle et moi.»