Journal de Robinson, trois-cent-quarante-et-unième jour dans l’Ile. J’ai recopié cette devise érotique dans des notes laissées par Georges Bataille consultables à la Bibliothèque Nationale[1] : Prince de sang, assaillant au pénis si seyant et si saillant, oublie les lois de la bienséance et celles de la gravité ! Laisse aux indécis la paresse et l’absence. Sus aux fesses en feu des déesses de glace ! Qui que tu sois, quoi tu saches, fais fi de tes failles, à l’assaut ! Saille sans faillir, on t’en sera reconnaissant ! J’adore exhumer ce genre de pépites que La Pléïade n’a pas retenues dans les œuvres incomplètes [2]du sulfureux auteur de l’Archangélique. Ecrivain au trait de plume acéré, Bataille a investi les champs de la littérature, de l’anthropologie, de la philosophie et de l’histoire de l’art. Rassembler en un seul volume son œuvre romanesque (mais a-t-il seulement écrit un roman ?) c’est lui donner une nouvelle chance d’exercer toute sa force – de scandale, de libération, de désorientation. Érotisme et transgression sont les deux termes les plus communément attachés à son nom, lui qui écrivait que l‘acte sexuel est dans le temps ce que le tigre est dans l‘espace[3] ? Qu’on se le dise !