On peut être un grand écrivain, un humaniste respectable, un penseur apprécié et… ne pas avoir raison sur tout.
Je viens de lire l’article de Nicolas Gary « Les appels au boycott d’Israël sont des actes de racisme (Eco) », repris par Filière Livre sur l’excellent site actuallite.com.
Le romancier Ian McEwan qui recevait le prix littéraire de Jérusalem a décidé de venir le recevoir, malgré ce qu’on pouvait lui conseiller. Remarque pertinente de l’intéressé : «Si je ne me rendais que dans les seuls pays que j’approuve, je ne quitterais probablement jamais mon lit».
Sur ce, lors de la réception de son prix, il met à profit la tribune généreusement offerte par la Foire du livre de Jérusalem pour dire, si ce n’est leur quatre vérités aux dirigeants israéliens, du moins une partie du mal qu’il pense de leur politique. Qui dans cette intervention voit une attaque contre le peuple israélien ? Umberto Eco ! Oui, le très respectable et unanimement apprécié Umberto Eco. Il aurait déclaré : « Je considère qu’il est absolument fou et fondamentalement raciste d’assimiler un étudiant, un citoyen, avec les politiques de son gouvernement. » L’information émanerait du quotidien Haaretz l’un des quatre plus grands quotidiens nationaux en Israël dont l’influence est plus importante que sa diffusion. Sur la phrase elle-même, on ne peut qu’être d’accord. Mais en l’occurrence, ce n’était, me semble-t-il, nullement au peuple israélien que McEwan s’adressait. Parenthèse : les étrangers qui critiquent la politique diplomatique actuelle de la France ne s’adressent pas aux Français mais à ceux qui les gouvernent. Idem pour McEwan avec Israël et son peuple. Alors boycotter Israël est-il raciste ? « That is the question » aurait peut-être répondu le Maître de Stratford-upon-Avon. Je sais bien que je vais reprendre une antienne actuelle, mais boycotter jadis l’Afrique du Sud, celle de l’apartheid, était-ce faire preuve de racisme ? Mandela doit penser que non. Alors, y aurait-il un apartheid plus juste qu’un autre ?