23/02/2011 | Fil des lettres
L’auteur anglaise Rachel Polonsky publie un livre sur Viatcheslav Molotov, bras droit de Staline, et s’interroge sur les liens entre sa bibliophilie érudite et maniaque et sa participation aux crimes du régime.
Dans les années 1990, la journaliste Rachel Polonsky emménage à Moscou, pour découvrir que l’immeuble où elle s’installe avait été la résidence de l’élite soviétique. Parmi ces illustres voisins-fantômes, la journaliste découvre le nom de Viatcheslav Molotov. Dans l’appartement du bras droit de Staline, Rachel Polonsky commence à exhumer une importante bibliothèque, parfaitement organisée, et, sur ces étagères, de très nombreuses éditions originales de certains chefs-d’œuvre russes, parfois même signés par les auteurs. La présence de recueils du poète Ossip Mandelstam, ou de la poétesse Anne Akhmatova, surprend : comment Molotov pouvait-il apprécier leurs œuvres, en même temps qu’il participait à leur martyr (Akhmatova) ou tramait leur déportation au goulag (Mandelstam) ? En essayant de résoudre de cette contradiction, Rachel Polonsky s’est intéressé aux paradoxes qui, à l’en croire, marquent l’histoire russe. Le titre de son ouvrage, La Lanterne magique de Molotov – Voyages dans l’histoire russe (Molotov’s Magic Lantern – Travels in Russian History), révèle cette ambition, mais comme le note Martin Rubin dans les colonnes du Los Angeles Times, la seule réponse à l’énigme de la Russie reste la fameuse formule de Churchill : «une devinette, dissimulée dans un mystère, à l’intérieur d’une énigme».
Source : http://www.magazine-litteraire.com/content/rss/article?id=18602