Accueil Livres Livre, histoire, bibliographie Passionnant : un document précieux pour l’histoire du livre espagnol

Passionnant : un document précieux pour l’histoire du livre espagnol

Commentaires fermés
0
64

 Le choix de lettres publiées par Philippe Castellano avec divers documents, des photographies et un prologue, constitue un document précieux pour l’histoire du livre espagnol, mais aussi pour le regard jeté sur l’Amérique latine du début du vingtième 
 

castellano salvatAfficher l’image

 

  • 1  Philippe Castellano a publié et commenté des notes autobiographiques du fondateur : « Autobiografí(…)

1 Pendant plus de dix-huit mois, de novembre 1912 à juin 1914, deux frères catalans, Fernando et Santiago Salvat Espasa parcourent le continent hispano-américain en représentation de la maison d’édition Salvat, fondée par leur père en 18981 et dirigée par leur frère aîné Pablo. Le choix de lettres publiées par Philippe Castellano avec divers documents, des photographies et un prologue, constitue un document précieux pour l’histoire du livre espagnol, mais aussi pour le regard jeté sur l’Amérique latine du début du vingtième siècle et ses échanges culturels avec l’Espagne.

2 On sait que les guerres d’Indépendance et les nationalismes des jeunes républiques avaient considérablement distendu les relations entre les deux côtés de l’Atlantique. Moins d’un siècle avait passé depuis la naissance des républiques continentales, dix ans seulement depuis la séparation des Antilles espagnoles, et les communications étaient encore limitées lorsque les deux jeunes frères (20 et 21 ans) posaient le pied sur la terre américaine. Carlos Rama, historien de ces relations, souligne le rôle efficace des éditeurs et libraires espagnols, catalans surtout du fait de la position géographique de Barcelone, dans ces retrouvailles ; dès 1886, Menéndez y Pelayo signalait à Juan Valera,

 

 

  • 2  Carlos M.Rama, Historia de las relaciones culturales entre España y la América latina. Siglo XIX, (…)

…una publicación de libros castellanos para América [...] sería ventajosísima para todos: contribuiría al esplendor y difusión de nuestra literatura y anularía y sepultaría para siempre [...] las malas y groseras ediciones que salen de las prensas de París [...] hijas de un sórdido anhelo de lucro2.

  • 3  Philippe Castellano, « América : ¿Arcadia para editores españoles ? », in Naveg@mérica.Revist elec(…)

3Philippe Castellano montre, dans un article que, malgré la communauté linguistique, le manque de capitaux d’une part, mais aussi l’ignorance mutuelle faisaient obstacle à la diffusion du livre espagnol en Amérique hispanique, difficulté que palliaient mal les rares correspondants locaux. Il était indispensable de connaître de près le marché américain pour l’ « ouvrir 3». C’est dans ce but que Fernando et Santiago Salvat traversent l’océan et déploient une énergie remarquable pour parvenir à y réaliser approximativement 50 % des ventes de la maison Salvat, malgré les difficultés de tous ordres et les déboires que fait apparaître leur correspondance.

 

4Présentées chronologiquement, rédigées en catalan pour la plupart, ces lettres sont de nature diverse : la majorité d’entre elles, les plus longues et circonstanciées sont adressées par les deux frères à Pau/Pablo, leur frère aîné, chef d’entreprise mais aussi chef de famille respecté comme le révèle le ton de leurs échanges, ainsi que les réponses, envoi de lettres de crédit et directives de ce dernier. Dans cette catégorie, les longs rapports de synthèse envoyés à l’issue de chaque étape, en castillan cette fois, occupent une place à part ; techniques et d’intérêt général, ils sont particulièrement éclairants pour l’histoire de l’édition. Un autre ensemble, à la fois professionnel et personnel, comprend les courriers qu’échangent Ferrán et Jaume lorsque, à partir d’une base centrale, ils se séparent afin que l’un d’eux aille prospecter une place secondaire. D’intérêt éditorial et commercial sont encore les courriers échangés avec différents libraires pour formaliser des commandes ou, lorsque l’un d’eux, effrayé, tente d’annuler la sienne, pour le persuader – avec succès ! – d’y renoncer, témoignant ainsi de la maturité et du savoir-faire de ces jeunes « apprentis éditeurs » (p. 143, 145, 154, 160). Les lettres destinées à la famille – Estimada mamá, germans, tíos, etc., enfin, sont d’une veine différente, et manifestent le caractère familial de l’entreprise, en même temps qu’elles rapportent quelques impressions de voyage, peu développées cependant : tout à leurs affaires, les frères Salvat ne faisaient pas de tourisme et à Quetzaltenango, par exemple, voient les Allemands qui dominent le commerce, mais pas les Indiens guatémaltèques (p. 191). A la Havane, pourtant, une promenade sur le Malecón leur inspire un sentiment de nostalgie devant la mer qui « ‘ns uneix y qui ‘ns separa » (p. 59), Santiago se passionne pour les travaux du canal de Panama (p. 227) et Buenos Aires lui arrache des exclamations : « Ma… ! oh… ! ah… ! » et même le Che local (p. 303 et 304), à la mesure de l’importance de cette place dans sa mission.

Philippe Castellano (ed.), Dos editores de Barcelona por América latina, Fernando y Santiago Salvat Espasa

 

Jacqueline Covo-Maurice

Référence(s) :

Madrid, Iberoamericana-Vervuert, 2010.

 

Lire la suite : http://ccec.revues.org/index3578.html

  • Filière L

    Nouveau

    Amateur, vous pouvez en savoir plus sur Flaubert, l’écrivain, l’œuvre et l&rsq…
  • Lecures plus

  • Zoom, le magazine de l’image

    Pour les collectionneurs Des numéros de Zoom, la revue des fans des années 70/80 Voir sur …
Charger d'autres articles liés
  • Lecures plus

  • Zoom, le magazine de l’image

    Pour les collectionneurs Des numéros de Zoom, la revue des fans des années 70/80 Voir sur …
  • Filière L

    Nouveau

    Amateur, vous pouvez en savoir plus sur Flaubert, l’écrivain, l’œuvre et l&rsq…
Charger d'autres écrits par Serge Bénard
Charger d'autres écrits dans Livre, histoire, bibliographie
Les commentaires sont fermés.

Consulter aussi

Rentrée littéraire: L’île sous la mer / Isabel Allende

6 octobre 2011 Isabel Allende revient cette année avec un nouveau roman, « L’île sous la m…