9 février 2011: Vacances à l’étranger tous frais payés, voyages à prix d’ami… pourquoi Jean Genet refusa une invitation à Cuba
Alors que la presse, internationale et nationale, ironise sur le comportement de certains ministres du « pays des droits de l’Homme » – partis passer leurs vacances de Noël dans des contrées (Tunisie, Égypte) où le peuple s’immolait, se révoltait et qui, hébergés, transportés en avion aux frais des proches du président-dictateur ou du président-dictateur lui-même, déclarent à leur retour, étonnés, n’avoir pas vu venir les soulèvements -, le président français a dû édicter un code de bonne conduite réglementant les voyages privés à l’étranger des membres de son gouvernement. (Libération – Le Point, 9-2-2010)
Dans un autre genre, voici ce que racontait le poète et dramaturge Jean Genet, en 1975, à propos d’une invitation à Cuba, qu’il déclina:
« (…) quand le responsable des affaires culturelles m’a invité, j’ai dit : » Oui, je veux bien aller à Cuba mais à une condition; je paie mon voyage, je paie mon séjour et je vais où je veux, j’habite où je veux » et j’ai dit : « Je veux bien y aller, si c’est vraiment une révolution selon mes voeux c’est-à-dire, s’il n’y a plus de drapeaux, parce que le drapeau comme signe de reconnaissance, comme emblème autour de quoi on se regroupe, c’est devenu une théâtralité qui châtre, qui fait mourir – et l’hymne national? Alors demande-lui (à Castro* ndlr ) qu’il n’y ait plus de drapeau cubain et plus d’hymne national cubain. » Il me dit: « Tu tombes mal notre hymne national est composé par un Noir ». (Entretien de Jean Genet avec Hubert Fichte, in Dialogues, p 35, Éditions cent pages, 2002)