La littérature jeunesse dans les pays arabes à travers l’exemple du Liban : renouveaux et permanences
Au Liban, à Beyrouth plus exactement, quinze maisons d’édition pour enfants ont vu le jour depuis l’an 2000. Leurs productions s’ajoutent à celles des maisons créées dès les années 1950-60, et génèrent un véritable printemps éditorial pour la jeunesse. Ce printemps trouve ses germes dans une nécessité d’écrire l’Histoire passée et à venir à l’endroit de l’enfance, d’une quête de “Reconstruction” identitaire. Il résulte aussi du retour au Liban d’une génération formée à l’étranger pendant la guerre et dotée d’une perception novatrice du jeune lecteur et de l’être enfantin. Il émane, enfin, d’un effet de mode, de l’embellie économique de l’après-guerre, des enjeux financiers qui en découlent. Les grandes thématiques de la littérature pour la jeunesse arabe sont revisitées : la question palestinienne passe de l’appel à une lutte armée à la revendication du respect et de l’application du Droit international ; la morale de l’histoire évolue. L’enfant traditionnellement perçu comme un être malléable qu’il faut éduquer dans le droit chemin et détourner d’un mal qui le tente « par nature » devient un être responsable, bien intentionné, auquel il faut parler et faire confiance. De nouvelles thématiques émergent aussi, avec la naissance des héroïnes, la sentimentalité de l’enfant, l’écologie, la conservation du patrimoine, les livres poétiques… Ce printemps éditorial et thématique s’accompagne de renouveaux structurels en terme de création de réseaux de bibliothèques, d’inauguration de festivals de livres pour la jeunesse, d’apparition de formations syndicales, d’ouverture de librairies spécialisées, de naissance d’une revue critique et d’un site d’information dédiés à l’actualité de la littérature jeunesse, d’inauguration de la première formation aux Métiers du Livre dans le monde arabe…
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