Le Point – Publié le 03/01/2011 à 00:00
Longtemps écartés du marché français, ils attaquent. On est loin du temps où Céline envoyait son manuscrit à Gallimard dans du papier journal !
À gauche : Andrew Nurnberg, selon qui « l’agent est apparu comme une menace pour l’édition ». À droite : Anna Jarota qui affirme que « les éditeurs ont profité de l’ignorance des écrivains ». © DR / Denis / Ré
Par DENIS DEMONPION
Longtemps honni par les éditeurs, l’agent littéraire était traité de tous les noms. « Usurier », « parasite », et même « chacal » pour ce qui concerne le plus célèbre d’entre eux, l’Américain Andrew Wylie, un dur en affaires qui, parmi les 600 auteurs de son écurie, représente Philip Roth, Orhan Pamuk, Salman Rushdie, Christine Angot. Puis, discrètement, cet intermédiaire entre l’éditeur et l’écrivain s’est installé dans le paysage littéraire. Pour discuter leurs contrats, défendre leur valeur marchande et, le cas échéant, faire monter les enchères, Emmanuel Carrère, Fred Vargas, Claire Faÿ, Marc Levy et tant d’autres ont recours à ses services. « Les avantages que l’on peut y trouver sont nombreux, surtout si l’on est connu du public », atteste Marc Dugain, un des rares auteurs à s’exprimer sur ce sujet tabou. Éditrice, Anne-Marie Métailié ne les porte pas vraiment dans son coeur : « Si l’agent s’occupe simplement de négocier le montant des contrats, je ne vois pas ce qu’il apporte. »
À l’heure de la distribution des prix littéraires et de l’explosion du livre numérique, le e-book, son rôle devrait s’en trouver accru. C’est le constat de l’éditrice Juliette Joste*, auteur de la première étude de fond sur une profession « incontournable ». « Les éditeurs sont partagés entre la méfiance envers les agents et la volonté de ne pas trop afficher leurs inquiétudes », dit-elle. D’autant que la place qu’ils occupent dans la chaîne éditoriale ne cesse de s’étendre. Ils sont aujourd’hui une vingtaine en France, alors que dans les pays anglo-saxons, et singulièrement en Espagne, les agents littéraires sont depuis des lustres des interlocuteurs obligés des maisons d’édition, au service des auteurs. Moyennant une commission de 10 à 15 %, ils discutent le montant des contrats et les droits des produits dérivés (éditions de poche, traductions, adaptations, etc.).
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