Posté par Benjamin Berton le 31.12.10 à 15:56
Si j’avais un repentir un seul en 2010, ce serait de n’avoir rien dit ni écrit sur Le Troisième Reich, remarquable roman posthume de Roberto Bolano, que, du reste, assez peu de critiques ont abordé cette année ou mentionné. Comme il n’est pas encore trop tard pour se rattraper (le couperet tombe dans quelques heures maintenant), ne nous en privons pas et rappelons les fondamentaux :
1) Roberto Bolano est vraisemblablement le meilleur écrivain de fiction des 20 dernières années (il a écrit ses romans essentiellement dans les années 90 et est mort en 2003)
2) Le Troisième Reich est un roman resté inédit écrit sans doute à la fin des années 80 et que l’auteur n’avait jamais choisi de publier
3) bien que considéré (par de plus en plus de monde) comme le meilleur écrivain de romans de la période, Bolano a toujours refusé l’étiquette de romancier et préférait écrire de la poésie.
Ceci étant rappelé, venons en à ce Troisième Reich, dont le titre pourrait induire en erreur les lecteurs inattentifs. Le nazisme a beau être l’un des thèmes de prédilection de Bolano, le Troisième Reich n’en parle pas directement, même s’il renvoie à un jeu de plateau (avec des pions, des cartes, des dés) calqué sur les différentes campagnes militaires ayant accompagné le Reich millénaire de quelques années. Dans ce bref roman donc, que Bolano n’a sans doute pas jugé assez bon pour le sortir de ses tiroirs, un couple d’Allemands, Udo et Ingeborg (ah, ces prénoms !), part quelques jours en vacances sur la Costa Brava (en Espagne donc). Ugo est une sorte d’écrivain spécialisé dans l’écriture pour des revues de jeux. Il monte des scénarios, écrit des variantes, narre des campagnes et remporte des concours entre fans de ces divertissements. Ugo a emporté dans ses bagages son Troisième Reich et envisage, en jouant dans sa chambre, d’écrire un article important sur ce jeu. Sa fiancée est plus extravertie, sensuelle, chaude du cul (pour dire la chose) et ne lui semble pas très assortie. Très vite, le couple rencontre un couple de fêtards allemands composé de Charly et Hannah. Les deux couples s’entendent et sortent ensemble en boîte de nuit. Charly est un personnage fascinant, pétulent, violent parfois. Il a fait ami-ami avec des Espagnols interlopes qui sont identifiés dans le roman comme le Loup et l’Agneau. Sur la plage, on fait également la connaissance d’un drôle de type très laid qui loue des pédalos et qui s’appelle Le Brûlé. Ugo partage son temps entre sa chambre (le jeu) et la plage. Le soir, il accompagne Ingebord dans ses virées nocturnes avec toute cette petite bande. Peu à peu, le roman glisse dans le fantastique et l’angoisse.
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