L’œil du spectateur est de plus en plus aigu. On le dupe moins aisément qu’avant. Désormais il se méfie. A croire que depuis quelques temps il a reçu une telle éducation du regard que celui-ci décrypte naturellement les intentions cachées. Il est donc de plus en plus difficile de lui faire croire aux hasards et coïncidences lorsqu’il ne s’agit que de placements de produits, opération sonnante et trébuchante résultant de la stratégie d’une agence spécialisée au service d’un annonceur (surtout depuis 1982, date à laquelle Steven Spielberg fit grignoter des bonbons Reese’s Pieces à E.T.). Il sait que telle eau minérale ou tel soda, telle marque de voiture ou tel avion de telle compagnie aérienne ne se trouve pas innocemment dans un film (et de plus en plus dans un jeu vidéo) alors qu’autrefois, il n’y aurait même pas pensé. Et si cela lui échappe encore, Le Canard enchaîné, aussitôt relayé sur la Toile par Rue 89, se charge de lui apprendre qu’au 20h de TF1, Catherine Deneuve était entièrement embijoutée par une prestigieuse marque de joaillerie qui s’est aussitôt empressée de le faire savoir. Or ce même (télé)spectateur se défait de ceréflexe lorsqu’il lit un livre. Ceux qui avaient assisté il y a un an au XIII ème colloque des Invalides au Centre culturel canadien à Paris ont dû être pris d’un sérieux doute à la sortie. Les Actes viennent de paraître aux éditions Du Lérot, à Tusson, en Charente (220 pages, 30 euros) avec un riche et excitant sommaire.
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