Par MATHIEU LINDON Photos CHRISTOPHE MAOUT
18/12/2010 À 00H00
Depuis sa création en 1931 par Jacques Schiffrin, la collection reste indestructible. De Baudelaire à Boris Vian, un des derniers entrés, récit des avatars de «la Rolls de l’édition».
La Pléiade, ce n’est pas juste un agenda (offert par le libraire pour deux volumes achetés en ce moment) ou un album (offert par le libraire pour trois volumes en juin) gratuits, c’est avant tout, selon l’expression de Malraux, une «bibliothèque de l’admiration» - un exceptionnel succès à la fois commercial et de prestige et dont l’histoire recoupe bon nombre d’événements de l’histoire du monde, au moins éditorial.
L’aventure commence en 1892 à Bakou, port d’Azerbaïdjan qui fait alors partie de l’empire russe, où naît dans une famille aisée possédant une entreprise de pétrochimie Jacques Schiffrin, le futur inventeur de la bibliothèque de la Pléiade. Pour étudier le droit et sans doute échapper à la conscription tsariste, il s’installe à Genève peu avant la Première Guerre mondiale, puis quitte, diplômé, la Suisse pour l’Italie puis la France après la guerre, quand les nationalisations nées de la révolution de 1917 ont ruiné sa famille. En 1923, il crée à Paris les éditions de la Pléiade. «Contrairement à ce que l’on croit souvent, ce nom ne venait ni de la mythologie grecque ni de la Renaissance française, mais d’un groupe de poètes classiques russes», dira André Schiffrin, le fils de Jacques. Ces éditions comprendront une collection de classiques russes pour laquelle Schiffrin demande à André Gide de l’aider à traduire la Dame de pique, de Pouchkine. Les deux hommes sympathisent.«C’est le seul Juif pour qui j’ai eu de l’affection», dira Gide en apprenant sa mort, selon le Journal de Julien Green.
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http://www.liberation.fr/culture/01012308752-la-pleiade-une-histoire-en-566-volumes