Faire relier une brochure sans couverture, refaire un dos… cela demande du temps, de l’argent et surtout un(e)professionnel(le) ! Profitant de récents échanges j’ai demandé à Sandrine Salières Gangloff, relieur, d’avoir la gentillesse de nous parler des tarifs et des travaux les plus courants qui peuvent être réalisés par un professionnel. Des informations qui sont souvent difficiles à obtenir et qui n’incitent pas forcément à aller voir un relieur. Voici sa réponse et son témoignage qui je l’espère vous intéresseront.
Léo Mabmacien
Exemple de restauration pratiquée par Sandrine
Il est vrai que certains prix peuvent être prohibitifs. Et pour être honnête, un livre qui vaut la peine d’être restaurer mérite qu’on le fasse au prix qu’il convient.
Mais pour tous les autres, malmenés, mal aimés.. La plupart du temps, le temps passé est souvent inversement proportionnel à la valeur du livre.
Que faut-il faire alors ?
Il faut toujours raison garder…ou restaurer pour soi avant de penser qu’à la revente, on aura perdu le prix de la restauration.
Déjà un bon brossage et dépoussiérage, avec précaution bien sûr.
On n’est pas obligé de démonter systématiquement le livre, le temps a fait son ouvrage et pourquoi vouloir toujours l’effacer, si rien ne gène son utilisation et que la couture est solide.
Mais,
- le temps passé pour refaire un coin est sensé être de 15 minutes. Une coiffe, entre 15 et 20 minutes.
- refaire un dos varie en fonction de l’état de la couture et des fonds de cahiers, puis du cuir lui-même, souvent cassé au niveau des mors. Les premières et dernières pages ayant souvent souffert, un simple point très fin de colle (pâte, amidon), suffit à resolidariser au corps d’ouvrage.
- Le taux horaire d’un restaurateur tourne autour de 50 euros. Celui d’un relieur, 40 euros. (ces informations sont indicatives et varient aussi souvent en fonction de la notoriété du relieur et de sa situation géographique).
- Pour une brochure (qui n’est pas une reliure : la reliure nécessite de coudre sur ficelles ou rubans et de passer les cartons), qui sera proche d’un emboitage, en papier marbré, façon bradel, il faut compter autour de 50 euros pour les petits formats. Ce type de travail est le moins traumatisant pour un papier fragile parce qu’il n’y a pas d’endossure. Le papier devra tout de même être renforcé au fond s’il ne peut supporter la tension d’un fil.
Soit moins de 90 minutes pour la réaliser… Il faut être concentré et efficace. Et aimer son métier pour laisser tomber cette idée de productivité qui sied si mal à nos métiers et ruine le moral et le porte-monnaie de tout le monde.
Il faut également réhabiliter l’idée que la reliure protège l’écrit. Rien n’est irréversible et grave, à moins d’avoir coupé en travers pour récupérer les gravures ou coller à la colle scotch…. Mais ces pratiques sont maintenant connues et largement identifiées pour être nocives.
Lire la suite :