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Les entrailles de la culture (dans Le Monde Diplomatique)

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Par Jean-Michel Djian

Journaliste, auteur de La Politique culturelle, la fin d’un mythe, Gallimard, Paris, 2005.

Faut-il sans cesse remuer le couteau dans la plaie pour que surgisse un cri, pour se faire comprendre ? Probablement, car c’est en découvrant le titre de l’ouvrage de l’écrivain malien Moussa Konaté que Michel Le Bris, le patron du festival Etonnants Voyageurs à Saint Malo, a décidé que la « malédiction » dont il est question serait l’objet du débat. « Au fond, écrit Konaté, nous sommes convaincu que les errements actuels du continent noir découlent en grande partie d’une insuffisance de pensée de l’élite africaine occidentalisée (1). » Voilà qui est crûment dit. « On » ne penserait pas suffisamment pour être capable de remettre en question « les effets pervers de la solidarité familiale ». « On » serait incapable de « faire un véritable travail de mémoire, de dénoncer les dérives de la religion, les hypocrisies de la polygamie, les ravages de la corruption ». C’est à un véritable feu d’artifice d’autodénonciations que se livre l’un des écrivains les plus expérimentés d’Afrique. Ici, le romancier s’est fait essayiste le temps de « dire clairement les choses ».

Les écrivains d’origine africaine auraient-ils épuisé les ressorts de la fiction pour, à l’instar des Yambo Ouologuem ou Sony Labou Tansi, dénoncer ce processus d’aliénation qui s’empêtre dans celui d’une décolonisation qui n’en finit pas ? Rien ne permet de le penser. Surtout depuis que les auteurs réunis pour l’occasion à Saint-Malo se sont « expatriés » aux Etats-Unis, au Canada ou en Europe. Le Congolais Alain Mabanckou continue de porter le fer avec humour et sarcasme dans les entrailles de sa culture (2), la Camerounaise Léonora Miano distille l’amertume et la folie à travers les esprits des disparus de la traite négrière (3), tandis qu’Emmanuel Dongala s’attache à célébrer les femmes dans le décor accablant de l’exploitation d’une ressource naturelle, la pierre (4). Sans oublier le Djiboutien Abdourahman Waberi, qui passe par une relecture subtile de Walter Benjamin pour radiographier un monde libéral à la dérive (5).

Source :

http://www.monde-diplomatique.fr/2010/09/DJIAN/19660?utm_source=feedburner&utm_medium=feed&utm_campaign=Feed:+monde-diplomatique/rss+(Le+Monde+diplomatique)

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