Par Philippine Cruse
Directeur de la librairie Folie d’encre à Montreuil, Jean Marie Ozanne a été à l’origine de la naissance du salon du livre jeunesse de Montreuil. Il nous raconte cette aventure qui a bientôt trente ans. Regard aussi d’un libraire et d’un éditeur sur un genre de littérature en plein essor dont la créativité est à souligner en France particulièrement.
Viabooks: Le salon de Montreuil fête cette année ses 26 bougies. Vous avez été à l’origine de cette grande fête du livre. Racontez nous?
J.M. Ozanne: Vous dites 26 ans. En réalité ça fait un peu plus car ce salon a été à l’origine un festival monté et imaginé par deux femmes étonnantes, Rolande Causse et Lucette Savier. Elles animaient des ateliers d’écriture des centres de loisirs jeunesse de la ville de Montreuil. Imaginez-vous que nous sommes à la fin des années 70 à Montreuil dans le 93, loin de nos années bobo… Ces deux filles sont venues me voir chez moi à la librairie. Elles voulaient faire une grande fête du livre jeunesse. Ce festival a duré trois ans et a été suivi par le salon.
V: Incroyable car à cette époque peu de gens s’intéressaient à la littérature jeunesse.
J.M.O: En effet, cet événement à Montreuil est précisément une histoire exemplaire car il est certainement une des instances qui a le plus travaillé pour la légitimité du livre jeunesse.
V: D’un salon national on passe petit à petit à petit à un salon international?
J.M.O: Oui, Montreuil reste encore en marge des grands salons que sont Bologne ou Francfort mais a toujours voulu regarder au-delà des frontières de l’hexagone. Il a encore la spécificité d’être ouvert au public et à tous les genres de public, ce qui le distingue des autres salons que j’ai cités qui sont seulement professionnels. Nous sommes réellement dans un salon où la lecture pour tous a une vraie signification. C’est une des grandes forces de cette manifestation.
V: Offrir un large accès à la culture est une priorité. Or, cette année la volonté politique du conseil général pour le salon s’est émoussée?
J.M.O: D’un point de vue culturel c’est un non sens terrible car les médiations littéraires ont été longues à construire. Jamais, je n’aurai pensé que le changement politique du département ait pour conséquence ce type de solution. Ce salon est aussi particulier d’un point de vue purement politique. Le conseil général de la Seine Saint Denis s’est impliqué au début de l’aventure et a permis à ce salon d’être exemplaire.
V: Comment décririez-vous l’évolution de la littérature jeunesse depuis trente ans? De quand date le début de l’explosion de ce genre particulier?
J.M.O: La créativité de la littérature jeunesse a commencé à exploser au cours des années 70. En France particulièrement, nous avons la chance d’avoir des créateurs de premier ordre. Il ne faut pas avoir peur de dire que les albums français sont parmi les plus beaux au monde. Dans cette catégorie, la France est un foyer de pépites extraordinaires.
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