« La mort du livre papier n’est pas une position idéologique tenable »
À l’occasion du Prix du livre numérique, Marc Jahjah, auteur du blog SoBookOnline revient sur l’évolution du livre et dessine un futur fait de coexistence entre livre papier et livre enrichi.
Vous êtes l’auteur du blog SoBookOnline, pourquoi cet intérêt pour le livre numérique ?
D’abord parce qu’il s’agit de mon sujet de recherche, je suis étudiant chercheur au Celsa et mon travail porte sur « le livre social ». Avant cela, j’ai aussi étudié la littérature à La Sorbonne et suivi le master multimédia de l’Ina-sup. Aujourd’hui, je suis rédacteur, notamment sur le livre numérique, pour la revue en ligne de l’Ina, Inaglobal.fr
Pourquoi le livre numérique comme sujet d’étude? Parce qu’il regroupe plusieurs domaines qui me sont chers et auxquels j’ai été formé. Après mon master de littérature, je me suis rendu compte que je ne voulais pas être prof ou libraire et en même temps j’avais ce petit coté geek. J’ai arrêté de vouloir à tout prix me définir par défaut et la convergence littérature et multimédia s’est faite petit à petit.
Pour le blog, c’est d’abord une aide dans mon travail de recherche. Il me permet de faire le point et de partager mes idées et mes constatations avec les internautes. Il m’offre aussi la possibilité d’ouvrir certaines pistes de réflexion et d’avoir trois discours: celui du journaliste, de l’apprenti-chercheur et du citoyen. Ces regards se rencontrent, s’affrontent, se neutralisent et, je l’espère, s’harmonisent ou se complètent.
Peut-on vraiment parler de révolution du livre ?
Je crois qu’il n’y a pas de révolution, mais bien une évolution du secteur et du livre en général. Par exemple, la « lecture sociale » a déjà existé, à travers les salons littéraires. Elle prend seulement une autre forme aujourd’hui et fait passer plus radicalement le livre du statut d’objet au statut de lieu, comme espace d’échange et de rencontre.
La révolution, c’est la redécouverte du travail de la chaine éditoriale (distributeurs, éditeurs, auteurs) et de notions (le lecteur, la lecture, le livre) dont tout le monde s’empare enfin, pas seulement les chercheurs.
On a fait passer le livre du statut d’objet au statut du lieu
Avec le livre numérique, on agrège finalement plusieurs éléments de notre époque (la communauté, les applications, les navigateurs) autour d’un élément. Le changement vient peut-être de la double définition classique du livre, traditionnellement défini par son support (l’objet) et le discours produit à partir de ce support. Avec le livre enrichi, ces notions se redéfinissent. On se retrouve en effet avec un discours qui articule des objets multiples (textes, images, vidéos) et qui oblige auteurs et éditeurs à repenser leur travail et son ergonomie à partir d’une nouvelle surface: la tablette tactile.
En France, est-on en retard en matière d’e-book?
Oui, la France a un certain retard sur le livre numérique. Aux Etats-Unis, Amazon joue déjà avec les multiples fonctionnalités des liseuses. On explique plus aux américains en quoi la lecture numérique peut leur apporter un plus, on est au-delà de ça.
Récemment, j’ai observé les publicités des e-books de la Fnac, le Fnacbook et de Chapitre, l’Oyo que j’ai trouvé bien révélatrices de la situation française: ce sont des pubs tout ce qu’il y a de plus pédagogiques avec des mises en scène ringardes.
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