Par Nancy Huston, romancière
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Voici un an ou deux, le romancier canadien Yann Martel (dont le premier roman, Histoire de Pi, obtint le Booker Prize et fut traduit dans le monde entier) a eu une idée fameuse. Chaque semaine dans un grand journal de Toronto, il publie une lettre ouverte au premier ministre, Stephen Harper, lui recommandant la lecture d’un roman. Il explique pourquoi, à son avis, le chef de l’Etat pourrait profiter de la lecture de ce livre-là.
Je trouve qu’on devrait faire de même : recommander tranquillement, sincèrement à ceux qui nous gouvernent les livres que nous aimons le plus, ceux qui nous ont le plus apporté et importé, ceux qui nous ont appris les valeurs que nous cherchons à promouvoir. Aucune raison que les romans en question relèvent de la littérature « nationale » ! Car elle n’est pas nationale, la littérature ; elle part du particulier pour dire l’universel. Le roman, c’est le genre humain.
Tiens, je veux bien commencer ; je suggère que notre chef à nous remplace enfin, sur sa table de chevet, La Princesse de Clèves, de Madame de Lafayette, par L’Art de la joie, de Goliarda Sapienza (Viviane Hamy, 2005). Je suis sûre et certaine que ce magnifique roman éclairerait sa… lanterne !
Extrait – Article complet :
http://abonnes.lemonde.fr/idees/article/2010/11/27/l-art-eclaire-nos-lanternes_1445842_3232.html
Née au Canada et éduquée aux Etats-Unis, Nancy Huston vit en France depuis 1973 et écrit en anglais et en français. Dernières parutions : L’Espèce fabulatrice (2008), Jocaste reine (2009) et Infrarouge (Actes Sud, 310 p., 21,80 euros).