Par Édouard Launet
Il y a peu de prix littéraires en France, guère plus de 2 500 au dernier recensement, aussi serait-il opportun d’en créer un nouveau. Par exemple un prix récompensant chaque année la plus belle mise à mort d’un écrivain par lui-même. Dans son dernier roman, l’a-t-on suffisamment répété, Michel Houellebecq décrit sa propre fin dans une scène digne du Silence des agneaux. A ce jour, on ignore toujours l’identité de l’assassin bien que de forts soupçons pèsent sur un certain Tahar Ben Jelloun.
L’écrivain imaginant sa disparition, c’est une figure récurrente de la littérature. L’Italien Baldassare Castiglione (1478-1529), dont Raphaël a laissé un joli portrait quelque part au Louvre, fut sans doute le premier à s’occire lui-même, dans une poésie latine. Plus contemporain, l’Autrichien Joseph Winckler s’est auto-enterré à Naples sous un citronnier, dernière demeure où il fut «porté par des travestis et des homos, nu, dans un drap taché de sang d’agneau». Et songez que deux tiers des écrivains ayant Rolin pour nom de famille sont décédés ou ont songé à leur mort dans leur œuvre : la Belge Dominique dans le Gâteau des morts, et le Français Olivier dans Suite à l’hôtel Crystal. C’est une hécatombe qu’il est grand temps de récompenser.
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