Les gros libraires, situés à l’entrée, font le plein de visiteurs et provoquent la colère des éditeurs et auteurs du fond de la salle
Cette année, le Salon du livre du Touquet se tient aux tennis couverts. Sur les tapis rouges et bleus qui dissimulent le quick, la libraire boulonnaise Isabelle Carnet se réjouit de ce nouvel endroit : « C’est plus spacieux qu’au Palais de l’Europe, plus clair, plus aéré. Les gens circulent mieux. » Son stand est pile dans l’allée principale, à l’entrée. Tout comme celui de Gonzague Steenkiste, libraire lillois. « C’est intéressant d’avoir tous les stands sur la même surface », estime-t-il. Les visiteurs sont de cet avis même si certains, à l’image de Martine, trouvent l’ambiance « un peu moins agréable. C’est moins intime, moins prestigieux, on a l’impression que cela donne moins de place aux livres et aux auteurs », note cette habituée du salon.
Sacs pleins et porte-monnaie vides
Martine aurait certainement fait une bonne auteure de science fiction. Il suffit de pousser la balade jusque dans le fond de la salle pour s’en rendre compte. « Cette année, j’ai l’impression qu’il y a deux poids deux mesures, lâche un auteur. On fait la part belle aux libraires qui prennent les trois-quarts du salon et sont postés à l’entrée, pendant que les petits auteurs et éditeurs sont dans le fond ».
Selon lui, les visiteurs sont happés par les cinq gros libraires situés à l’entrée, où ils dépensent leur argent et leur énergie. « Quand ils ont le courage de venir jusqu’ici, leurs sacs sont pleins et leur porte-monnaie vide ». Pour Lilyane Lussignol, adjointe à la culture de la ville, « il n’y a pas de favoritisme, ça se passe comme ça dans tous les salons ». Il n’empêche, les auteurs et éditeurs « du fond » se sentent mis à part. « C’est un salon régional, et pourtant on met en avant du Marc Lévy ou du Amélie Nothomb, qu’on trouve à longueur de temps dans les librairies », poursuit un auteur.
Lire la suite :