Par Pierre Jourde (Écrivain)
Il y avait eu naguère un peu d’espoir, avec Littell, avec Ndiaye. Evidemment, les jurés des prix volaient au secours du succès. Ils couronnaient des livres pour leur apparence plus que pour leur contenu, mais c’était tombé sur de bons livres et de bon auteurs. On a toujours tort de se faire des illusions en ce qui concerne les prix. Cette année, c’est la perfection.
Le Goncourt 2010, pour les siècles des siècles, pour l’ébahissement des générations futures, c’est Houellebecq et Despentes. Houellebecq et Despentes. Il faut se le répéter plusieurs fois pour réaliser ce que ça signifie, pour se rendre compte de l’énormité de la chose. Ils ne reculeront donc devant aucune insanité? Non, aucune. Et allons-y, toute honte bue. Le grand prix du roman le plus fade et le plus creux, soigneusement lissé en vue de la petite récompense, est décerné à Michel Houellebecq, avec les félicitations du jury. La palme du lourdingue en gros sabots récompense Virginie Despentes, sous vos applaudissements. C’est ça, notre littérature, c’est ça, nos grands auteurs, Deshouelles et Becpentes, Desbecq et Penthouelle. Et, bien entendu, dans la presse, dans les journaux qui comptent, ceux qui jugent gravement de la qualité des œuvres, c’est une unanimité digne de la défunte Union Soviétique. Je ne veux voir qu’une tête, garde à vous
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