Que lisent les taulards?
Par Jonathan Reymond (étudiant en journalisme)
Fraîchement diplômé d’une université américaine, Avi Steinberg avait de la peine à trouver du travail. Peut-être sa thèse sur Bugs Bunny avait-elle tendance à refroidir les employeurs? Jusqu’au jour où le jeune homme, après avoir répondu à une petite annonce, s’est retrouvé bibliothécaire à temps plein dans une prison chaude de Boston. Aujourd’hui, Avi Steinberg raconte son expérience dans « Running the Books », où il évoque notamment les lectures préférées de ses « clients ».
Entre l’anxieux maquereau qui sollicite son aide pour écrire ses mémoires, l’ancienne strip-teaseuse avec laquelle il partage d’improbables goûters littéraires, ou encore le gangster assagi qui collectionne passionnément les recettes de cuisine dans l’espoir de monter sa propre émission culinaire, ce bibliothécaire de l’ombre a eu le loisir d’étudier les goûts littéraires des pensionnaires de la maison de correction du comté de Suffolk.
Un article consacré au livre de Steinberg par le quotidien anglais «The Guardian » nous apprend ainsi que le «Journal» d’Anne Frank serait le « tube » incontournable des prisonniers bostoniens, qui trouvent sans doute dans le récit des mois passés par la jeune fille dans son grenier amstellodamois un écho à leur propre confinement. Les textes de Sylvia Plath, dont les accents dépressifs doivent renvoyer certains détenus à leur propre accablement, feraient également partie des best-sellers du pénitencier. Et Erwin James, journaliste anglais qui a purgé vingt ans pour meurtre, explique par ailleurs au «Guardian» avoir remarqué que la littérature policière tenait une place de choix dans les lectures des prisonniers anglais, notamment les romans de Martina Cole « parce qu’elle écrit ses histoires depuis le point de vue des criminels et de leurs familles ».
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