Serge Bouffange, à la tête de la bibliothèque municipale depuis septembre, veut rendre Mériadeck (quartier de Bordeaux – 33) et ses antennes plus vivantes et plus imprévues pour les usagers.
Par Laurie Bosdecher
Serge Bouffange, 43 ans, est le nouveau directeur de la bibliothèque municipale de Bordeaux. Il a succédé en septembre à Marie-Claude Julié, partie à la retraite. À sa charge, le vaisseau central de Mériadeck, dix et bientôt onze bibliothèques de quartier (bibliothèque mobile comprise) et l’encadrement de 210 personnes.
« Sud Ouest ». Vous arrivez en pleine restructuration de la bibliothèque de Mériadeck. Avantage ou inconvénient ?
Serge Bouffange. C’est un beau défi. Les premiers travaux ont permis de sécuriser le site. La seconde phase a priori achevée fin 2013 sera plus visible pour le public. L’auditorium va être refait, une cafétéria donnant sur la rue construite. Il ne s’agira pas seulement de changer les peintures, les sols et les plafonds et proposer aux usagers d’enregistrer eux-mêmes leurs prêts. Nous allons donner au public de meilleures clés pour comprendre ce qu’il y a dans ces 25 000 mètres carrés. L’idée est de rendre ce bâtiment plus accueillant, plus vivant, qu’on y entende plus seulement le bruit des escalators.
Vous voulez dire que ce bâtiment est trop silencieux aujourd’hui ?
Nous accueillons surtout des étudiants. Ils ne viennent pas pour les collections mais pour étudier leurs polycopiés dans le calme. Le problème est que cette situation peut entraîner un phénomène de dissuasion pour les autres publics. Dans mon idéal, la place des étudiants est à l’université et nous devons faire revenir les autres. La requalification proposera à la fois des endroits pour soi et d’autres plus ouverts, plus animés, tournés vers la découverte. Une bibliothèque doit participer au vivre ensemble dans une ville. Elle a à la fois une vocation sociale et culturelle. Celles de Scandinavie ou aux Pays-Bas relèvent bien ce défi en étant des lieux ouverts à tous les publics et animés à toute heure du jour.
Mais Mériadeck n’est peut-être pas un lieu où l’on vient spontanément pour se divertir…
Oui et non. Certes, Mériadeck n’a pas de station de vélos en libre-service, elle est desservie par un arrêt de tram qui s’appelle « Hôtel de police ». Mais Bordeaux a la chance d’avoir sa bibliothèque centrale dans son cœur de ville. Ce n’est pas le cas dans de nombreuses agglomérations et donc un atout à exploiter. N’oublions pas non plus le rôle des bibliothèques de quartier.
33 000 abonnés, c’est trop peu pour vous. Comment en attirer de nouveaux ?
Les villes qui se sont tournées vers les nouvelles technologies marchent bien. Nous devons nous inscrire dans cette démarche. La refonte de notre portail Internet en 2011 rendra possible la réservation en ligne et l’accès à des documents. Bordeaux est également en retard dans la numérisation de son patrimoine. Avec 500 000 documents, ce travail s’annonce sans fin, mais des choses commenceront à être visibles fin 2011. Nous allons nous attaquer en priorité à Montaigne et Montesquieu. La numérisation n’est pas une question de mode mais un impératif de conservation et un impératif de communication vers un public plus large. Elle a un enjeu citoyen et éducatif.
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