Un plaisir bien partagé que celui de la lecture !
Mais voyez ici comme on est loin de nos critères actuels où lire a été banalisé pour céder l’élégance au confort !
Lire pour une jeune fille à l’époque de Fragonard, était une activité sérieuse, un plaisir soigneusement organisé, sagement inscrit dans l’emploi du temps de la journée (je n’ose dire quotidien, tant la pose semble donner à cet instant un caractère solennel). On pourrait penser à une cérémonie à laquelle la jeune fille se serait préparée avec beaucoup d’attention : coiffure bien ordonnée, rubans délicatement noués, robe soigneusement étalée autour de la liseuse soutenue par des coussins absorbant toute contrainte physique. L’ effort se fond dans les étoffes sur lesquelles la main libre s’abandonne et l’attention peut se concentrer exclusivement sur le livre .
Une barre d’appui (rambarde, fauteuil ?) fixe les limites de l’univers de la liseuse et nous ne saurons pas ce que les lignes révèlent de si doux à l’imagination pour dessiner cette esquisse de sourire sur le visage attentif.
Mais nous avons pour nous permettre d’entrevoir le ravissement de la liseuse et participer à cet instant privilégié la chaleur de ces jaunes déclinés dans toutes leurs tonalités de bruns et de dorés, d’ocres et de roux, exaltés par le vert profond qui réfléchit la lumière et nimbe de mystère notre jeune fille
Source :
http://emma-maturit.blogspot.com/2010/10/fragonard-la-liseuse.html