Censure et censeur et sans reproches
Par Nicolas Gary
La censure, cette tumeur de la création. Aux États-Unis, une campagne menée dans les bibliothèques, célèbre la censure et les ouvrages qui en sont victimes.
Un véritable défi moderne, que cette censure, remarque Joan Bertin, directeur de la National Coalition Against Censorship. La dernière lutte en date ? Le livre de Kurt Vonnegut, dans lequel est faite une description de masturbation et qui a provoqué un scandale auprès d’associations de parents dans le Missouri.
Et puis, la chanson de Toniu Morrison, Song of Solomon, interdite de séjour dans les classes de l’Indiana, ou encore Ellen Hopkins décommandée d’office d’un festival littéraire dans le Texas. (voir notre actualitté)
On n’en finit jamais de lutter contre la censure. Une situation que déplore Joan : « Priver les élèves de la possibilité de lire des oeuvres plonge leur développement affectif et intellectuel dans une position très désavantagée, à l’école et dans la vie. » Qui lui donnerait tort ?
Alors, la résistance contre la censure s’organise : dans les bibliothèques, et dans ce mouvement de protestation, où l’on met à l’honneur justement des oeuvres qui sont parmi les plus frappées par une moralité dénuée de toute intelligence. « Une fois qu’un livre est censuré, tous les ouvrages sont menacés. »
Séparer le bon grain du livre… et ?
Carolyn Mackler, auteur d’un ouvrage à la langue plutôt grossière et aux scènes sexuellement explicites est flattée d’être huitième dans la liste des dix ouvrages les plus censurés. Mais avant tout parce qu’elle se range parmi des auteurs prestigieux. Cette liste, en elle-même, est une aberration. À la lecture de son livre, The Earth, My Butt, and Other Big, Round Things [NdR : La terre, Mes fesses et auters choses grosses et rondes], de jeunes adolescentes lui ont écrit pour partager avec elle leur lecture.
En évoquant l’obésité, ou des problèmes d’ados, la romancière s’attire un public jeune et réceptif, en demande de conseils ou d’orientations. Et son rapport à la lecture est simple, en tant que mère : « Je surveille de près les livres que mon fils peut lire. Si un ouvrage lui fait peur, on en parle. Si un autre me semble inapproprié, je le range et lui dis d’attendre quelques années. (…) Mais puis-je savoir ce qui est bon pour un de ses camarades de classe ? »
La censure est bien là, dans ce jugement autocratique de ce que l’autre peut lire, ou qu’il est autorisé à lire. Mais au nom de quelle autorité ?
Source : Guardian et http://www.actualitte.com/actualite/21757-censure-enfants-lecture-livre-bannir.htm