Par M. Philippe Hoch
L’ex-libris demeure un domaine largement méconnu, en dépit des efforts que consentent diverses institutions pour le faire mieux connaître du public cultivé, auquel sont proposées des expositions ou des conférences, tandis que des concours de création sont ouverts aux artistes. Quel que puisse être l’enthousiasme des organisateurs de ces manifestations, l’ex-libris ne concerne guère, en France, que quelques centaines d’amateurs chevronnés. Leurs motivations, au reste, sont diverses. Pour les uns, l’ex-libris apparaît d’abord comme un sujet encore peu exploré, un secteur plutôt original, une spécialité, en somme, à l’intérieur du champ plus vaste de l’estampe. Et c’est au titre de l’intérêt qu’ils portent à la gravure, surtout contemporaine, à sa technique ou son esthétique qu’ils abordent l’ex-libris. Le goût de la xylographie, du burin, de l’eau-forte ou de la manière noire les mène alors, en règle générale, à la collection, d’autant que ces images de format réduit sont – encore – à la portée de la plupart des bourses, en dépit de certaines « dérives » commerciales que dénoncent les associations spécialisées.Et, à l’évidence, les collectionneurs forment aujourd’hui la majeure partie des amateurs d’ex-libris, davantage préoccupés, d’ordinaire, par la collecte et l’échange de leurs pièces que par leur étude rigoureuse. Le fait que ces vignettes se trouvent désormais pour ainsi dire réduites au statut d’objets de collection, et par là-même soumises aux aléas inhérents à cette condition, pose au demeurant des problèmes théoriques dont il ne faudrait pas sous-estimer l’importance. Il est temps de rappeler que l’ex- libris est avant tout, indépendamment de toute considération de valeur artistique - et a fortiori marchande – , une marque de possession appelée à figurer à l’intérieur des ouvrages appartenant à une personne physique ou morale.
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