Le détail en typographie
Jost Hochuli
Éditions B42
64 pages / 15 €
Nom du traducteur : Victor Guégan avec Pierre Malherbet
Date de publication : 25/05/10
Cet ouvrage est publié avec l’aide du Centre national du livre.
Par Emmanuel Érard
Ce court essai (d’une soixantaine de pages à peine) du Suisse Jost Hochuli, graphiste, typographe, enseignant et grand concepteur de livres, se concentre sur le « détail en typographie ». Il est publié par les éditions B42 à qui nous devons cette nouvelle traduction (aidée par le Centre national du Livre), revue et augmentée. En effet, l’édition originale de 1987, dont l’initiative revenait à un fabriquant américain de matériel d’imprimerie, la Compugraphic Corporation, et sa publication simultanée en sept langues avaient conféré à l’ouvrage une aura internationale immédiate parmi les amateurs et patriciens de la typographie qui reçurent alors, à titre publicitaire, l’élégant ouvrage. Il était depuis introuvable.
La maison d’édition française met aujourd’hui le rare « missel » à la portée de tous. Et c’est une bonne chose car la lecture de cette « réflexion riche et concise sur tout ce qui améliore la lisibilité d’un texte » (sous-titre de l’ouvrage) prend aujourd’hui une étrange actualité. En effet, cet ouvrage agrège de façon vivante, curieuse et synthétique tout le savoir accumulé au fil des cinq siècles d’existence du livre (sur papier) et des caractères d’imprimerie. Ce savoir, au départ basé sur des observations, s’est enrichi d’études dont le profane découvrira, avec amusement, la richesse. Ce sont ces découvertes, expliquées simplement et illustrées le plus souvent qui ralentissent agréablement la lecture du petit opus.
Prise de conscience
Le lecteur, dès le premier chapitre est mis à l’épreuve avec l’analyse du processus de lecture, étayée par les études de Galley Niels et Grüsser Otto-Joachim qu’Hochuli synthétise en quelques paragraphes. Ces études analysent les secrets de la lecture, par « bonds », qui alternent période de fixation et saccades. La ligne n’est donc pas lue, mais balayée par l’oeil. Selon la taille du caractère, les saccades font cinq à dix lettres, soit un ou deux mots en français. Fier de cette découverte, le lecteur désormais conscient, expérimente… et confirme les conclusions des scientifiques. C’est sans doute la grande vertu de cet ouvrage : nous inviter à cette utile gymnastique du regard, et nous forcer, en lecteur profane, à devenir conscient de l’importance de détails qui nous étaient jusqu’alors invisibles mais qui déterminent la perception que nous avons d’un texte.
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