Je suis amoureux des bibliothèques, ça ne vous étonnera pas. Je vous ai souvent parlé de la BnF, mais la British Library est un autre de mes lieux de pèlerinage, où je me rends religieusement chaque fois que je traîne à Londres (ce qui est hélas moins fréquent ces derniers temps !). Je lis dans le Guardian qu’elle vient d’acquérir les manuscrits de JG Ballard, auteur mythique de science-fiction dont l’œuvre étrange et post-apocalyptique m’a fasciné quand j’étais adolescent (The Drowned World, The Crystal World, The Drought, etc.) et même après, notamment avec Crash (1973) qui a marqué toute une génération. C’est émouvant de voir pour la première fois les manuscrits de ces œuvres hallucinées, et de découvrir à quel point le processus d’écriture de Ballard était torturé, comme en témoigne la première page de Crash, qui semble avoir subi elle aussi quelques loopings et quelques tonneaux :
Première page de Crash
Ceci me remet en mémoire une superbe exposition de la BnF sur les brouillons d’écrivains, dont je vous avais parlé il y a bien longtemps :
Manuscrit de Dolor, poème de Victor Hugo
Le traitement de texte a tué les manuscrits. Le processus d’écriture est devenu silencieux : ses aller-retours, ses doutes, ses errements, ses trouvailles soudaines et fulgurantes sont devenus inaccessibles à jamais. Au-delà de la perte esthétique, c’est une perte majeure pour les historiens et les philologues des temps futurs. Personne ne connaîtra jamais le parcours torturé (ou pas ?) de la plume de Doris Lessing ou J.M. Le Clézio…
Source :
http://blog.veronis.fr/2010/06/exposition-manuscrits-de-jg-ballard-la.html