Par: Ali Meghazi
Le terme « café culturel » a été souvent employé au cours des dix dernières années dans certains pays du Maghreb, où des institutions culturelles officielles et semi-officielles organisaient des soirées et des séminaires variés dans les domaines de la littérature, de la pensée et de la philosophie, en marge de leurs activités routinières habituelles, sous le nom du « café culturel ». Ces initiatives ont été une tentative pour restaurer le style des salons culturels et rencontres littéraires qui étaient courantes dans les années soixante dans certaines grandes villes arabes.
En Algérie, l’expérience du « café culturel » a émergé dans le siège de l’association Al-Jahidhiya, parrainée par le défunt romancier Al-Taher Wattar. A travers ce café, toute une génération de jeunes écrivains et intellectuels ont développé un sens d’interaction avec le public. L’éclat de ce café a pourtant disparu par la suite, et ses clients l’ont abandonné pour des raisons qui ne nous intéressent pas ici.
Il y a eu d’autres tentatives plus tard pour ouvrir des cafés similaires dans plusieurs associations et centres culturels, mais elles ont toutes échoué en raison de l’improvisation et des regards négatifs qu’ils recevaient. Il en était ainsi jusqu’à ce que la Bibliothèque nationale de l’Algérie ait ouvert un café littéraire dans une extension au rez de chaussée de son immeuble, avec une vue sur un parc public boisé d’une beauté à couper le souffle.
Ce « café culturel » a dominé la scène culturelle en Algérie en 2003, 2004 et 2005, et a créé une dynamique inhabituelle qui a suscité des controverses et des débats riches. Toutefois, le ministère en charge a arrêté les activités dudit café et a licencié ses employés en raison des conflits croissants entre les libéraux, les intellectuels de gauche et les modernistes d’une part, et les partisans de l’État religieux et des idées nationalistes pan-arabes d’autre part. C’est généralement le cas des institutions étatiques ; elles cherchent leur tranquillité d’esprit, même au détriment du droit des citoyens à mener des discussions constructives.
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