Il fut un temps, à l’autre siècle déjà, où le pouls de la vie littéraire battait à un rythme plus rapide deux fois par semaine : le matin du jeudi, où Angelo Rinaldi signait sa page dans L’Express, et le soir du vendredi, où Bernard Pivot recevait à « Apostrophes ». L’un aussi redouté que l’autre était espéré. Depuis, le premier a son fauteuil à l’Académie française et le second son couvert à l’Académie Goncourt. Ils n’en sont pas moins restés des chroniqueurs littéraires dans l’âme et, partant, viscéralement journalistes.
Les critiques ont-ils pour autant conscience d’endosser une responsabilité dont ils pourraient avoir à rendre des comptes ? La relecture d’un article vingt ans après est pour son auteur un exercice à haut risque. M. Rinaldi récidive, dix ans après avoir rassemblé ses contributions à L’Express dans Service de presse (Plon), en recueillant au sein de Dans un état critique (La Découverte, « Les empêcheurs de penser en rond », 408 p., 20 €) les cent vingt textes qu’il donna au Nouvel Observateur entre 1998 et 2003. Sans aller jusqu’à l’acte de contrition, l’occasion est propice à une cérémonie des regrets. Un article en trop ? « Aucun. » Alors une phrase de trop ? « Non, jamais. » Même pas un mot de trop ? « Même pas, sauf s’il pèche par manque de précision. »
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