Par Abdellali Merdaci*
La décision rapportée par le quotidien L’Expression (9 août 2010) du commissaire du Salon international du Livre d’Alger (Sila) d’en fermer les portes aux écrivains et aux éditeurs égyptiens est dans ses excès à la fois irréfléchie et calamiteuse. Irréfléchie en raison même du caractère officiel de la manifestation qui associe le gouvernement, principal organisateur, en ce qu’elle préjuge fortement de ce que doivent être aujourd’hui les relations d’États entre l’Algérie et l’Égypte. Calamiteuse, car M. Smaïl Ameziane en justifiant cette mesure intempestive par les éprouvants événements qui ont précédé et accompagné les rencontres entre les sélections nationales de football algérienne et égyptienne dans la phase éliminatoire de la Coupe du monde 2010, surinvestit – sans calcul du risque d’exacerber et de renflouer les chauvinismes à l’affût comme on vient de l’observer à Tizi-Ouzou avec le caillassage du bas d’El Ahly — ce qui a été une scène dramatique entre deux pays, longtemps liés par un destin commun. Sans doute ce sentiment de rejet – vengeur et rédempteur — de l’Égypte que le commissaire du Sila partage avec beaucoup d’Algériens, à juste titre excédés par les heurts et malheurs d’une rencontre de football, est bien réel. Cependant, au-delà des mécontentements vivement exprimés par le peuple algérien, il est revenu – et il revient toujours — au seul gouvernement de prendre et d’assumer publiquement les mesures politiques et diplomatiques les plus appropriées dans cette brève et fulgurante escarmouche du football entre l’Algérie et l’Égypte. Et, bien entendu, d’en prévoir les retombées. L’interdiction par le commissaire du Sila du livre égyptien en figurerait-elle nécessairement un signe ou — si elle relève, comme il l’indique, de la convenance personnelle – un inconvenant et inexplicable dérapage ?
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* Écrivain-universitaire. A publié L’Institution du littéraire dans l’Algérie coloniale, Constantine, Médersa, 2006. Dernier ouvrage paru : Auteurs algériens de langue française de la période coloniale, Paris, L’Harmattan, 2010.