Née dans un contexte historique, la littérature algérienne francophone écrite par les autochtones ne cesse d’animer le débat qu’engendre son apellation. Cette littérature, à laquelle la critique a toujours assigné des limites chronologiques et dont on a prédit la mort au lendemain de l’indépendance, demeure bien vivante. Enquête au pays de Kateb Yacine.
Par Meriem Boughachiche, Université de Constantine
Écrite par des ruraux, nomades, citadins, aristocrates, berbères, chrétiens musulmans, juifs, Français, Arabes, Franco-Algériens, la littérature algérienne de langue française reflète la complexité, la diversité et la richesse de l’histoire du pays. Liée à la colonisation, celle-ci est devenue, avant même qu’elle ne soit achevée, matière intarissable où l’engagement n Ùte rien à l’originalité d’une écriture qui s’affirme, se renouvelle, perpétue la précédente et s’enrichit avec le temps. Le panorama de cette littérature rend compte des parcours historique, idéologique et esthétique, et nombre de critiques s’accordent pour voir dans son développement des phases incontournables. Aux alentours des années 20 avance timidement une littérature d’assimilation et d’apprentissage de la langue et de la culture de l’Autre, une période au cours de laquelle les Algériens sentent le besoin de parler aux Français de leur vie d’indigène en s’adonnant à des genres comme la nouvelle, l’essai, le poème, le témoignage : Khadra, danseuse des Ouled Naôl de Slimane ben Brahim, Ahmed ben Mustafa, goumier de Caôd ben Cherif, Zohra, La femme d’un mineur d’Abdelkader Hadj-Hamou, Mériem dans les palmes de Mohammed Ould Cheikh, …toile secrète de Jean Amrouche, Jacinthe noire de Marguerite Louis Taos.
Peu à peu, le français devient directement le vecteur principal des grands débats qui agitent l’Algérie suscitant, au début des annÈes 50, l’apparition d’une littérature ethnographique haute en couleur qui glisse vers l’autobiographique dont les principaux ouvrages furent : Le Fils du pauvre de Mouloud Feraoun, La Colline oubliée de Mouloud Mammeri, La Grande maison de Mohammed Dib, descriptions de la vie traditionnelle, du folklore, des coutumes et des mœurs des Algériens dénonçant le colonialisme. C’est une écriture réaliste ancrée dans le terroir dont les techniques et les effets rappellent ceux des romans classiques occidentaux, vu l’impact de la formation scolaire sur ces auteurs.
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