Belle question pour un été, non ? Le dernier numéro de Sciences humaines se la pose, à l’heure où les romans pullulent dans les trains et sur les serviettes, pleins de sable entre les pages. « Se saisir d’un roman, c’est prendre rendez-vous avec soi. » résume l’auteur de l’article. Allons voir plus près.
Littérature, première des sciences humaines
Le roman est une chose très sérieuse (rien à voir avec une distraction, qu’on se rassure). Le roman a un vrai « pouvoir heuristique » et une « puissance cognitive » certaine. Dans le roman, ce qu’on cherche, c’est à mieux connaître l’humain. D’ailleurs, Tzvetan Todorov lui-même souligne que « la littérature est la première des sciences humaines ». Ce fut d’ailleurs la seule pendant de nombreux siècles. Certes, mais quel est l’apport du roman par rapport à des livres d’histoires, des essais, ou même par rapport au cinéma ? Il faut séparer les connaissances qu’apporte le texte, et l’imaginaire qu’il propose. Voilà le secret du roman ! Exemple : L’étranger, d’Albert Camus. D’un côté, c’est une synthèse de l’existentialisme : solitude, mort, absurde…Mais, Roland Barthes souligne que « ce qui fait de L’Étranger une œuvre et non une thèse, c’est que l’homme s’y trouve pourvu non seulement d’une morale, mais aussi d’une humeur. »
Un multiplicateur d’expérience
Le roman agit comme un multiplicateur d’expériences et offre d’innombrables vies par procuration. Le lecteur peut expérimenter des situations qu’il ne peut pas vivre dans la réalité, il évite les risques, mais peut en tirer le bénéfice de l’expérience. Ce qui rend ces expériences puissantes, c’est la matière même du roman : des mots, des mots ! Il est très facile de s’identifier au « je » du roman, car on peut se l’imaginer comme on veut, en toute liberté. « Cette intériorisation de l’autre explique l’intimité exceptionnelle que nous ressentons à l’égard de certains personnages », indique l’auteur de l’article, Héloïse Lhérété. Le cinéma n’a pas cette force-là. Ainsi, la littérature peut façonner et modifier nos vies. Oscar Wilde a ainsi déclaré que « la mort de Lucien Rubempré [personnage de Balzac] est le plus grand drame de ma vie. »
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